29 avril 2014

Le jeûne donne naissance aux prophètes et fortifie les puissants ; le jeûne rend sages les législateurs. Le jeûne est une bonne sauvegarde pour l’âme, un compagnon inébranlable pour le corps, une arme pour les vaillants et un gymnase pour les athlètes. Le jeûne repousse les tentations, oint la piété ; il est le compagnon de la vigilance et l’artificier de la chasteté. Dans la guerre, il combat courageusement, dans la paix, il enseigne le calme. – Saint Basile le Grand

Est-ce que vous luttez contre un péché ? Je veux dire un péché dont vous ne semblez pas pouvoir vous débarrasser ; un péché qui vous maintient dans un état constant de culpabilité et de désespoir. Vous avez prié, vous avez fréquenté les sacrements, mais vous ne semblez pas pouvoir briser son emprise.

Nous sommes tous passés par là à un moment ou à un autre, et de telles luttes font partie intégrante de la vie spirituelle. Mais il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi.

Aujourd’hui, je veux vous présenter une arme très puissante, mais très négligée dans l’arsenal spirituel : Le jeûne.

Si vous voulez mettre pour dynamiser votre vie spirituelle, si vous voulez tuer un péché qui vous tient en esclavage, si vous voulez grandir en union avec Dieu, prenez l’arme sainte du jeûne. Car, comme l’a dit Jésus, il y a des démons qui « ne peuvent être chassés par rien d’autre que la prière et le jeûne. »

Examinons cette arme puissante et son utilisation dans la vie spirituelle.

De quoi s’agit-il ?

Dès ses premiers jours, l’Église a enseigné la nécessité de l’ascétisme dans la vie de chaque chrétien. C’est vrai – l’ascétisme ne concerne pas seulement les moines et les prêtres, mais aussi les laïcs. Mais qu’est-ce que j’entends par ascétisme ? Pour nos besoins, l’ascétisme peut être défini de manière approximative comme un renoncement à soi dont le but ultime est la maîtrise de soi. Et cette négation de soi prend le plus souvent la forme, vous l’avez deviné, du jeûne.

L’ascèse est nécessaire pour tout le monde à cause de nos passions – des désirs charnels intenses, que l’on appelle parfois la concupiscence. L’expérience nous enseigne que nous sommes souvent entraînés par ces désirs d’une manière que nous pouvons à peine contrôler. Saint Paul nous dit que « les impulsions de la nature et les impulsions de l’esprit sont en guerre les unes contre les autres ».1 Cette guerre est si intense que nos passions nous conduisent souvent à faire des choses que nous ne voulons pas faire, et nous nous surprenons à dire : « Mes propres actions me déconcertent ; ce que je fais n’est pas ce que je veux faire, mais quelque chose que je déteste ».2

Souvenez-vous que les passions de notre chair ne sont pas nécessairement mauvaises, mais à cause de notre nature déchue, elles sont hors de contrôle et veulent nous dominer. Si elles ne sont pas contrôlées, nos passions nous conduiront à des comportements destructeurs de l’âme comme la gourmandise, la haine, des actes sexuels désordonnés ou des dépendances de toutes sortes. Finalement, leur domination nous conduira en enfer. « Les passions pécheresses… ne produisent d’accroissement que vers la mort », explique saint Paul.3

Face à la réalité des passions, il peut être facile de se décourager et de penser que nous ne pourrons jamais les surmonter. Nous nous écrions :  » Pauvre créature que je suis, qui me libérera d’une nature ainsi vouée à la mort ? « 4

Heureusement, ce n’est pas la fin de l’histoire, et nous ne sommes pas laissés comme des esclaves impuissants de la concupiscence. « Le principe spirituel de la vie m’a libéré, dans le Christ Jésus, du principe du péché et de la mort. « 5

Par la grâce de Dieu, et en marchant dans la nouvelle vie achetée pour nous par Jésus-Christ, nous pouvons surmonter et soumettre nos passions. Nous pouvons vivre comme des enfants de Dieu, libres de la loi du péché qui conduit à la mort.

Alors, comment trouvons-nous cette liberté de manière pratique ? Encore une fois, saint Paul explique :

« La nature n’a plus aucun droit sur nous, celui de vivre une vie de nature. Si vous menez une vie de nature, vous êtes voués à la mort ; si vous mortifiez les voies de la nature par la puissance de l’Esprit, vous aurez la vie. « 6

« Ceux qui appartiennent au Christ ont crucifié la nature, avec toutes ses passions, toutes ses impulsions. »7

« Je fais subir à mon propre corps un supplice, et j’en fais mon esclave. « 8

En d’autres termes, nous nous libérons des passions en les mortifiant, en les mettant à mort, par la pratique d’une ascèse rendue possible par la grâce – en particulier par le jeûne. Le jeûne nous aide à dompter l’étalon sauvage de notre chair et à le mettre sous la bride de la maîtrise de soi.

Dans sa constitution apostolique sur la pénitence, Painitemini, le pape Paul VI explique clairement ce point :

Cet exercice de mortification corporelle – très éloigné de toute forme de stoïcisme – n’implique pas une condamnation de la chair que les fils de Dieu daignent assumer. Au contraire, la mortification vise à la « libération » de l’homme, qui se trouve souvent, à cause de la concupiscence, presque enchaîné par ses propres sens. Par le « jeûne corporel », l’homme reprend des forces et la « blessure infligée à la dignité de notre nature par l’intempérance est guérie par la médecine d’une abstinence salutaire. »

Comment jeûner

Maintenant que nous avons discuté du but du jeûne, voyons comment intégrer le jeûne dans notre vie quotidienne.

1. Commencez par les bases – La première étape du jeûne consiste à obéir à la loi de l’Église – jeûner le mercredi des Cendres et le Vendredi saint, s’abstenir de viande le vendredi et observer le jeûne eucharistique (ne pas manger ni boire une heure avant la communion).

En ce qui concerne l’abstention de viande le vendredi, il est vrai qu’elle n’est techniquement pas requise aux États-Unis, mais une sorte de pénitence ou de sacrifice à base de nourriture est toujours nécessaire. Mais au lieu d’essayer d’inventer une nouvelle pénitence, pourquoi ne pas s’en tenir à ce que les catholiques ont toujours fait ? S’abstenir de manger de la viande le vendredi. Il y a une bonne raison pour cela.

Hommes, jeûner deux jours par an et s’abstenir de viande le vendredi est incroyablement facile. Dans le « vieux temps », le jeûne était requis tous les jours de semaine du carême. Et il fut même un temps où ce jeûne exigeait l’abstinence de tous les produits laitiers. Il y avait également une tonne d’autres jeûnes et jours d’abstinence tout au long de l’année liturgique. Je dirais que nous avons la vie plus facile que toute autre période de l’histoire catholique. Alors commençons par les bases et obéissons à la loi de l’Église sans râler ni nous plaindre.

2. Ajouter plus – En tant qu’hommes catholiques, nous ne devrions jamais nous contenter du strict minimum. Nous devrions chercher à poursuivre constamment une conversion plus profonde. St. François de Sales donne de bons conseils à cet égard :

Si vous pouvez jeûner, vous ferez bien d’observer quelques jours au-delà de ce qui est ordonné par l’Église, car outre l’effet ordinaire du jeûne pour élever l’esprit, soumettre la chair, confirmer la bonté et obtenir une récompense céleste, c’est aussi une grande affaire que de pouvoir maîtriser la gourmandise, et de maintenir les appétits sensuels et tout le corps soumis à la loi de l’Esprit ; et bien que nous ne puissions faire que peu de choses, l’ennemi se tient néanmoins plus en admiration devant ceux qu’il sait pouvoir jeûner.

En conséquence, une fois que vous avez commencé à suivre la loi de l’Église, construisez sur cette base pour inclure le jeûne d’autres façons. Voici quelques idées:

  • Supprimez un repas supplémentaire par semaine, comme le petit déjeuner ou le déjeuner. En plus des vendredis, les mercredis sont des jours traditionnels de jeûne, donc cela pourrait être un bon jour pour commencer.
  • Donnez-vous le dessert les jours fixes. La plupart d’entre nous mangent trop de sucre de toute façon.
  • Séparer le sel sur votre nourriture.
  • Faire le jeûne du soda. C’est terrible pour vous !
  • Séparer la bière ou d’autres boissons alcoolisées lorsque vous sortez manger.
  • Ne pas manger entre les repas. Cela semble facile, mais essayez-le. Vous trouverez que c’est assez difficile puisque la plupart d’entre nous grignotent fréquemment et ne le réalisent même pas.
  • Incluez des choses autres que la nourriture. Par exemple, jeûner de toute technologie un jour par semaine.
  • Jeûner (un repas principal avec deux petites collations) un jour par semaine.
  • Boire seulement de l’eau.

Nouveau, vous n’avez pas à jeûner de toutes ces choses tout le temps. Il est préférable de choisir des jours fixes pour le jeûne, comme les mercredis ou les vendredis mentionnés ci-dessus. Cela permet de garder notre jeûne cohérent.

3. Jeûner du péché – Le jeûne corporel n’a pas de sens s’il n’est pas associé à un jeûne spirituel du péché. Saint Basile donne l’exhortation suivante concernant le jeûne :

Faisons un jeûne acceptable et très agréable au Seigneur. Le vrai jeûne est l’éloignement du mal, la tempérance de la langue, l’abstinence de la colère, la séparation des désirs, de la calomnie, du mensonge et du parjure. La privation de ces éléments est le vrai jeûne.

4. Prier – Le jeûne n’est pas simplement une question de volonté. La grâce est absolument nécessaire. Alors que le jeûne énergise la prière, la prière énergise le jeûne. Les deux sont faibles sans l’autre.

Alors que vous jeûnez pour conquérir vos passions, priez constamment pour que la grâce de Dieu inonde votre âme, implorez les vertus dans lesquelles vous devez mûrir, et demandez la force dans le combat spirituel.

5. Attention à l’orgueil – Avec toute sorte d’autodiscipline, de pénitence ou de jeûne vient la tentation de l’orgueil. Nous sommes confrontés au danger de croire que nous sommes supérieurs aux autres parce que nous jeûnons, ou de penser que le jeûne est une fin en soi. Mais le jeûne lui-même n’est jamais le but, et il ne nous rend pas parfaits ou plus spirituels que les autres. Le jeûne est plutôt une aide, un outil d’entraînement dans notre ascension vers la perfection, qui se trouve dans un amour pur et généreux de Dieu et du prochain.

« Soyez sur vos gardes lorsque vous commencez à mortifier votre corps par l’abstinence et le jeûne, dit saint Jérôme, de peur que vous ne vous imaginiez être parfaits et saints ; car la perfection ne consiste pas dans cette vertu. Elle n’est qu’une aide ; une disposition ; un moyen quoique convenable, pour parvenir à la vraie perfection. »

Conclusion

Si nous négligeons le jeûne, notre vie spirituelle sera toujours médiocre. Nous serons faibles dans le combat contre nos passions, nous succomberons facilement à la tentation, et nous ne surmonterons jamais vraiment notre égoïsme et notre complaisance inhérents.

En tant qu’hommes, notre désir devrait être de nous fortifier et d’être le meilleur que nous puissions être. Nous devrions nous entraîner à être forts dans le combat spirituel, afin de pouvoir résister aux tentations du malin. Il n’y a pas de meilleure façon de commencer cet entraînement spirituel que par la pratique du jeûne.

1 Galates 5:17
2 Romains 7:15
3 Romains 7:5
4 Romains 7:24
5 Romains 8:1
6 Romains 8:13
7 Galates 5:24
8 1 Corinthiens 9:27

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