Mai 326 av. J.-C.

Pendjab moderne.Pendjab, Pakistan, près de la rivière Hydaspes.

Victoire décisive des Macédoniens.

Alexandre contrôle la majeure partie de la région du Pendjab.

Bataille des Hydaspes
Partie des guerres d’Alexandre le Grand

A. peinture d’André Castaigne représentant la phalange attaquant le centre lors de la bataille des Hydaspes
Date Lieu Résultat Modifications territoriales
Belligérants
Empire macédonien
Alliés grecs
Alliés perses
Alliés indiens
Paurava
Commandants et dirigeants
Alexandre le Grand,
Craterus, Coenus, Hephaestion, Ptolémée, Perdiccas, Seleucus, Lysimaque
Roi Porus,
autres inconnus
Force
6 000 fantassins,
5 000 cavaliers.
20 000, 30 000 ou 50 000 fantassins,
2 000 – 4 000 cavaliers,
200, 130 (« le plus probable » selon Green), ou 85 éléphants de guerre,
1 000 chars.
Casualités et pertes
80 – 700 fantassins,
230 – 280 cavaliers tués. Estimations modernes ~1000 tués.
12 000 tués et 9 000 capturés, ou 20 000 fantassins et 3 000 cavaliers tués,.

La bataille de la rivière Hydaspes a été livrée par Alexandre le Grand en 326 avant JC contre le roi Porus du royaume hindou Paurava sur les rives de la rivière Hydaspes (rivière Jhelum) au Pendjab près de Bhera, dans ce qui est aujourd’hui le Pakistan. La bataille s’est soldée par une victoire macédonienne complète et l’annexion du Pendjab, qui se trouvait au-delà des limites de l’empire perse vaincu, à l’Empire d’Alexandrie.

La tactique d’Alexandre pour traverser le fleuve gonflé par la mousson malgré la surveillance étroite des Indiens pour attraper l’armée de Porus dans le flanc a été qualifiée d’un de ses « chefs-d’œuvre ». Bien que victorieuse, cette bataille fut aussi la plus coûteuse pour les Macédoniens. La résistance opposée par le roi Porus et ses hommes a gagné le respect d’Alexandre qui lui a demandé de devenir satrape macédonien.

La bataille est historiquement importante pour l’ouverture de l’Inde aux influences politiques grecques (séleucides, gréco-bactriennes indo-grecques) et culturelles (art gréco-bouddhique) qui se poursuivront pendant de nombreux siècles.

Lieu

La bataille s’est déroulée sur la rive est de la rivière Hydaspes (aujourd’hui appelée la rivière Jhelum, un affluent de la rivière Indus) dans ce qui est aujourd’hui la province du Pendjab au Pakistan. Plus tard, Alexandre a fondé une ville sur le site de la bataille, qu’il a appelée Nicée ; cette ville n’a pas encore été découverte. Toute tentative de retrouver le site de l’ancienne bataille est vouée à l’échec, car le paysage a considérablement changé. Pour le moment, l’emplacement le plus plausible est juste au sud de la ville de Jhelum, où l’ancienne route principale traversait la rivière, et où une source bouddhiste mentionne effectivement une ville qui pourrait être Nicée. L’identification du site de la bataille près de l’actuelle Jalalpur/Haranpur est certainement erronée, car le fleuve, dans l’Antiquité, serpentait loin de ces villes.

Contexte

Après qu’Alexandre ait vaincu les dernières forces de l’Empire achéménide sous Bessus et Spitamènes en 328 av. L’armée d’Alexandre est estimée à environ 6 000 hommes. Selon les sources, Alexandre était en infériorité numérique quelque part entre 3:1 et 5:1.

Le train principal est entré dans l’actuel Pakistan par le col de Khyber, mais une force plus petite sous le commandement personnel d’Alexandre est passée par la route du nord, prenant la forteresse d’Aornos (aujourd’hui Pir-Sar, Pakistan) en chemin, un lieu de haute signification mythologique pour les Grecs, car, selon la légende, Héraklès n’avait pas réussi à l’occuper, lorsqu’il avait fait campagne en Inde. Au début du printemps de l’année suivante, il réunit ses forces et s’allie avec Taxiles (également Ambhi), le roi de Taxila, contre son voisin, le roi d’Hydaspes.

Motifs

Alexandre devait soumettre le roi Porus afin de poursuivre sa marche vers l’est. Laisser un adversaire aussi fort sur ses flancs mettrait en danger tout nouvel exploit. Il ne pouvait pas non plus se permettre de montrer un quelconque signe de faiblesse s’il voulait conserver la loyauté des princes indiens déjà soumis. Porus devait défendre son royaume et a choisi l’endroit idéal pour bloquer l’avancée d’Alexandre. Bien qu’il ait perdu la bataille, il est devenu l’adversaire le plus réussi enregistré d’Alexandre.

Manœuvres pré-bataille

Le franchissement de la rivière Hydaspes par Alexandre.

Porus s’est retiré sur la rive sud de la rivière Jhelum, et était prêt à repousser tout franchissement. La rivière Jhelum était suffisamment profonde et rapide pour que toute traversée opposée condamne probablement toute la force d’attaque. Alexandre savait qu’une traversée directe avait peu de chances de réussir et a donc essayé de trouver des gués alternatifs. Il déplaçait ses troupes montées le long de la rivière chaque nuit, Porus le suivant. Finalement, Alexandre utilisa un passage approprié, à environ 27 km (17 mi) en amont de son camp. Son plan était une manœuvre classique en tenaille. Il laissa son général Cratère derrière lui avec le gros de l’armée, tandis qu’il traversait le fleuve en amont avec un fort contingent, composé, selon Arrien, de 6 000 hommes de pied et de 5 000 chevaux, bien qu’il soit probable qu’il soit plus important. Cratère devait traverser le fleuve à gué et attaquer si Porus faisait face à Alexandre avec toutes ses troupes, mais tenir sa position si Porus faisait face à Alexandre avec seulement une partie de son armée.

Alexandre déplaça tranquillement sa partie de l’armée en amont et traversa ensuite le fleuve dans le plus grand secret en fabriquant des  » flotteurs de peau remplis de foin  » ainsi que des  » petits navires coupés en deux, les galères à trente rames en trois « . De plus, Cratère se livre à de fréquentes feintes pour traverser le fleuve : « Ainsi Porus, qui ne s’attendait plus à une tentative soudaine sous le couvert de l’obscurité, fut bercé par un sentiment de sécurité ». Il débarque par erreur sur une île, mais passe rapidement de l’autre côté. Porus perçut la manœuvre de son adversaire et envoya une petite force de cavalerie et de chars sous les ordres de son fils pour repousser Alexandre, espérant qu’il serait capable d’empêcher sa traversée. Alexandre était déjà passé, et mit facilement en déroute son adversaire, les chars en particulier étant entravés par la boue près de la rive du fleuve, avec le fils de Porus parmi les morts. Porus comprit qu’Alexandre avait traversé de son côté du fleuve et se hâta de lui faire face avec la meilleure partie de son armée, laissant derrière lui un petit détachement pour perturber le débarquement de la force de Cratère, s’il tentait de traverser le fleuve.

Bataille

Attaque combinée de la cavalerie et de l’infanterie.

Un éléphant de guerre indien imaginaire contre l’armée d’Alexandre, par Johannes van den Avele.

Quand Porus atteignit le point où l’armée d’Alexandre était rangée, il déploya ses forces et commença l’attaque. Les Indiens étaient disposés avec de la cavalerie sur les deux flancs, leur centre comprenant de l’infanterie avec des éléphants trônant parmi ou devant eux à intervalles égaux. Les éléphants ont causé beaucoup de dégâts à la phalange macédonienne, mais ont finalement été repoussés par les piques denses des phallangitai, causant beaucoup de ravages sur leurs propres lignes.

Alexandre a commencé la bataille en envoyant des archers à cheval pour arroser l’aile gauche de la cavalerie indienne. Puis, il a mené la charge contre l’aile indienne affaiblie. Le reste de la cavalerie indienne galopa vers leurs proches durement pressés mais à ce moment, le contingent de cavalerie de Coenus apparut sur l’arrière des Indiens. Les Indiens tentèrent de former une double phalange, mais les manœuvres compliquées nécessaires apportèrent encore plus de confusion dans leurs rangs, facilitant ainsi la conquête du cheval macédonien. La cavalerie indienne restante s’est réfugiée parmi les éléphants pour se protéger, mais les bêtes étaient déjà hors de contrôle et allaient bientôt se retirer épuisées du champ de bataille, laissant le reste de l’armée de Porus encerclée par le cheval et la phalange macédonienne. À ce moment-là, les phallangitai verrouillèrent leurs boucliers et avancèrent sur l’ennemi désorienté. Porus, après avoir livré un combat courageux, se rendit et la bataille était enfin terminée. Selon Justin, pendant la bataille, Porus a défié Alexandre, qui l’a chargé à cheval. Alexandre tomba de son cheval dans le duel qui s’ensuivit, ses gardes du corps l’emportant et capturant Porus.

Selon Arrien, les pertes macédoniennes s’élevèrent à 310. Cependant, l’historien militaire J.F.C. Fuller considère comme « plus réaliste » le chiffre donné par Diodore d’environ 1 000, un nombre important pour un vainqueur, mais pas improbable, compte tenu du succès partiel des éléphants de guerre indiens. Les pertes indiennes s’élèvent à 23 000 selon Arrian, 12 000 morts et plus de 9 000 hommes capturés selon Diodore. Les deux derniers chiffres sont remarquablement proches, si l’on suppose qu’Arrian a ajouté des prisonniers au total des pertes indiennes. Environ 80 éléphants ont été capturés vivants.

Deux fils de Porus ont été tués pendant la bataille, ainsi que son parent et allié Spitakes, et la plupart de ses chefs.

Succès

Tableau de Charles Le Brun représentant Alexandre et Porus lors de la bataille de l’Hydaspes.

La bravoure, les talents guerriers et l’attitude princière de Porus ont grandement impressionné Alexandre, qui lui permet de gouverner l’Hydaspes au nom d’Alexandre. Blessé à l’épaule, mesurant plus de 2,1 m, il se vit demander par Alexandre comment il souhaitait être traité. « Traite-moi, ô Alexandre, comme un roi », répondit Porus. Alexandre le traite en effet comme un roi, ce qui lui permet de conserver sa royauté. Le régent macédonien fonda deux villes, l’une à l’endroit de la bataille appelée Nicée (Victoire en grec) en commémoration de son succès et l’autre de l’autre côté de l’Hydaspe appelée Alexandrie Bucéphale, pour honorer son fidèle destrier, qui mourut peu après cette bataille. En 326 avant J.-C., l’armée d’Alexandre le Grand s’approche des frontières de l’empire de Nanda. Son armée, épuisée par la campagne continue et effrayée à l’idée d’affronter une autre gigantesque armée indienne, demanda à retourner à l’ouest. C’est ce qui s’est produit à l’Hyphasis (l’actuelle Beas), l’endroit exact se trouvant à « Kathgarh » dans le tehsil d’Indora, dans l’Himachal Pradesh, avec la tête de ligne ferroviaire la plus proche à Pathankot, au Pendjab. Alexandre céda finalement et se tourna vers le sud, le long de l’Indus, sécurisant les rives du fleuve comme frontières de son empire.

Notes

  1. Fuller, pg 198

    « Alors que la bataille faisait rage, Cratère força son passage sur le gué de Haranpur. Lorsqu’il vit qu’Alexandre remportait une brillante victoire, il pressa le pas et, comme ses hommes étaient frais, prit en charge la poursuite. »

  2. Fuller, pg 181

    « Parmi les nombreuses batailles livrées par les envahisseurs qui pénétraient dans les plaines de l’Inde par le nord-ouest, la première enregistrée dans l’histoire est la bataille des Hydaspes et, selon Hogarth, lorsqu’elles sont couplées à la traversée du fleuve, elles se classent ensemble « parmi les opérations les plus brillantes de la guerre ». »

  3. 3.0 3.1 Selon Arrien 5.14, 6 000 fantassins et 5 000 chevaux étaient sous le commandement d’Alexandre lors de la bataille.
  4. 4.0 4.1 Plutarque 62.1:

    « Mais ce dernier combat avec Porus enleva le tranchant du courage des Macédoniens, et arrêta la poursuite de leur progression en Inde. Car, ayant trouvé assez difficile de vaincre un ennemi qui n’avait mis en campagne que vingt mille hommes de pied et deux mille chevaux, ils crurent avoir des raisons de s’opposer au dessein d’Alexandre de les conduire à passer aussi le Gange, dont on leur dit qu’il avait trente-deux furlongs de large et une brasse de profondeur, et que les rives de l’autre côté étaient couvertes de multitudes d’ennemis. »

  5. 5.0 5.1 5.2 Arrien, 5.15
  6. 6.0 6.1 Diodore, 17.87.2
  7. Green, p. 553
  8. Curtius 8.13.6 ; épitomé de Metz 54 (à la suite de Curtius)
  9. Plutarque 60.5
  10. 10,0 10,1 10,2 10,3 Arrien, 5,18
  11. 11,0 11,1 11,2 Diodore 17,89,3
  12. Selon Fuller, pg 199, « les chiffres de Diodore semblent plus réalistes. »
  13. 13,0 13,1 Diodore 17.89.1 17.89.2 17.89.3
  14. Burn 1965, p. 150
  15. Peter Connolly. La Grèce et Rome en guerre. Macdonald Phoebus Ltd, 1981, p. 66
  16. 16.0 16.1 16.2 16.3 P.H.L. Eggermont, La campagne d’Alexandre au sud du Pendjab (1993).
  17. 17.0 17.1 Arrian
  18. Justin, Epitome of Pompeius Trogus, 12.8
  19. Fuller, p. 199
  20. Diodore, 17.89.2
  21. Fuller, p.199
  22. Rogers, p.200

Moderne

  • Fuller, John (1960). La conduite générale d’Alexandre le Grand. New Jersey : De Capo Press. ISBN 978-0-306-80371-0
  • Green, Peter (1974). Alexandre de Macédoine : Une biographie historique. ISBN 978-0-520-07166-7
  • Rogers, Guy (2004). Alexander : L’ambiguïté de la grandeur. New York : Random House.

Ancienne

  • Diodore Sicule (90-30 av. J.-C.). Bibliotheca Historica.
  • Quintus Curtius Rufus (60-70 AD). Historiae Alexandri Magni.
  • Plutarque (75 AD). La vie d’Alexandre le Grand, Vies parallèles.
  • Arrien (début du 2ème siècle après J.-C.).
  • Metz Epitome.

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