Le théâtre de Tusculum

Cato l’Ancien est né dans la ville municipale de Tusculum, comme certaines générations de ses ancêtres. Son père avait acquis la réputation d’être un soldat courageux, et son arrière-grand-père avait reçu une récompense de l’État pour avoir fait tuer cinq chevaux sous ses ordres au combat. Cependant, les Porcii de Tuscula n’avaient jamais obtenu les privilèges de la magistrature romaine. Caton l’Ancien, leur célèbre descendant, au début de sa carrière à Rome, était considéré comme un novus homo (homme nouveau), et le sentiment de sa position insatisfaisante, associé à la conviction de sa supériorité intrinsèque, aggravait et poussait son ambition. Au début de sa vie, il dépassa tellement les actes antérieurs de ses prédécesseurs qu’on parle fréquemment de lui non seulement comme le chef, mais comme le fondateur de la gens Porcia.

Cognomen CatoEdit

Ses ancêtres depuis trois générations avaient été nommés Marcus Porcius, et il a été dit par Plutarque qu’il était d’abord connu par le cognomen supplémentaire Priscus, mais a été ensuite appelé Cato-un mot indiquant « le bon sens qui est le résultat de la sagesse naturelle combinée avec l’expérience ». Priscus, comme Major, peut avoir été simplement une épithète utilisée pour le distinguer de Caton le Jeune. Il n’y a pas d’information précise sur la date à laquelle il a reçu pour la première fois le titre de Caton, qui peut avoir été donné dans l’enfance comme un symbole de distinction. Les qualités impliquées dans le mot Caton étaient reconnues par le titre plus simple et moins désuet de Sapiens, sous lequel il était si bien connu dans sa vieillesse, que Cicéron dit qu’il est devenu son cognomen virtuel. D’après le nombre et l’éloquence de ses discours, c’était un orateur doué, mais Caton le Censeur (Cato Censorius), et Caton l’Ancien sont maintenant ses noms les plus communs, ainsi que ses noms les plus caractéristiques, car il exerçait la fonction de Censeur avec un standing extraordinaire et était le seul Caton qui l’ait jamais exercée.

Déduction de la date de naissance de CatonModification

La date de naissance de Caton doit être déduite des rapports contradictoires sur son âge au moment de sa mort, dont on sait qu’elle est survenue en 149 av. J.-C.. Selon la chronologie de Cicéron, Caton est né en 234 av. J.-C., l’année précédant le premier consulat de Quintus Fabius Maximus Verrucosus, et est mort à l’âge de 85 ans, sous le consulat de Lucius Marcius Censorinus et Manius Manilius. Pline est d’accord avec Cicéron. D’autres auteurs exagèrent l’âge de Caton. Selon Valerius Maximus, il aurait survécu à sa 86e année, selon Tite-Live et Plutarque, il avait 90 ans à sa mort. Ces âges exagérés sont cependant incompatibles avec une déclaration de Caton lui-même qui est rapportée par Plutarque.

JeunesseEdit

Sur les guerres puniquesEdit

Quand Caton était très jeune, après la mort de son père, il hérita d’une petite propriété en territoire sabin, à distance de sa ville natale. Là, il passa la majeure partie de son enfance à superviser les activités de la ferme, à apprendre le commerce et l’économie rurale. Près de cette terre se trouvait une petite cabane appartenant à Manius Curius Dentatus, dont les exploits militaires et le caractère rigidement simple étaient rappelés et admirés dans le voisinage. Caton fut inspiré d’imiter ce caractère, espérant égaler la gloire de Dentatus.

L’occasion d’une campagne militaire se présenta bientôt, en 218 av. J.-C. Hannibal Barca attaqua l’un des alliés de Rome, déclenchant la deuxième guerre punique. Les experts expriment quelques désaccords sur les débuts de la vie militaire de Caton. En 214 avant J.-C., il servait à Capoue, et l’historien Wilhelm Drumann imagine que déjà, à l’âge de 20 ans, il était tribun militaire. Quintus Fabius Maximus Verrucosus avait le commandement dans cette région, la Campanie, pendant l’année de son quatrième consulat. Lors du siège de Tarentum, en 209 av. J.-C., Caton était à nouveau aux côtés de Fabius. Deux ans plus tard, Caton était l’un des hommes qui accompagnaient le consul Claudius Nero dans sa marche vers le nord, depuis la Lucanie, pour contrôler la progression d’Hasdrubal Barca. Il est rapporté que les services de Caton ont contribué à la victoire décisive et importante de Sena à la bataille du Métaure, où Hasdrubal a été tué. Il prononça par la suite plusieurs discours véhéments qu’il terminait souvent en disant « Carthago delenda est », ou « Carthage doit être détruite. »

Entre les guerresEdit

Dans les pauses entre les campagnes, Caton retournait dans sa ferme sabine, où il s’habillait simplement, travaillant et se comportant comme ses ouvriers. Tout jeune qu’il était, les paysans voisins aimaient son mode de vie rude, appréciaient ses proverbes démodés et concis, et avaient une grande estime pour ses capacités. Sa propre personnalité active le rendait désireux et désireux de se mettre au service de ses voisins. Il était choisi pour agir, tantôt comme arbitre de litiges, tantôt comme soutien dans des causes locales, qui étaient probablement jugées devant des recuperatores (les juges pour les causes de grand intérêt public). Par conséquent, il lui fut permis de renforcer par la pratique ses capacités oratoires, d’acquérir de la confiance en soi, d’observer les manières des hommes, d’analyser la diversité de la nature humaine, d’appliquer les règles de droit et d’étudier pratiquement les principes de la justice.

Suivant la vieille rigueur romaineEdit

Dans les environs de la ferme sabine de Caton se trouvaient les terres de Lucius Valerius Flaccus, un jeune noble d’une influence importante et de haute famille patricienne. Flaccus ne pouvait s’empêcher de remarquer l’énergie de Caton, ses talents militaires, son éloquence, sa vie frugale et simple, et ses principes traditionnels. Flaccus lui-même était un membre de cette faction patricienne puriste qui affichait son adhésion aux vertus les plus strictes du caractère romain. Au sein de la société romaine, une transition était en cours – de la rusticité samnite à la civilisation grecque et à la luxuriance orientale. Les principales magistratures de l’État étaient devenues presque héréditaires pour quelques familles riches et de classe supérieure. Ils étaient populaires par leurs actes de générosité et leurs manières charmantes, et ils recueillaient les richesses matérielles de leurs clients et de leurs fidèles, ainsi que les prouesses intellectuelles fournies par leur éducation, leur goût pour les beaux-arts et leur connaissance de la littérature. Néanmoins, les nobles moins fortunés, envieux de cette oligarchie exclusive et critiquant la décadence et le luxe, forment un parti à l’idéologie plus conservatrice et ascétique. À leurs yeux, la rusticité et l’austérité étaient les marques du caractère sabin, de l’intégrité inflexible et de l’amour de l’ordre des vieux Romains. Marcus Claudius Marcellus, Scipion Africanus et sa famille, et Titus Quinctius Flamininus, peuvent être pris comme représentants de la nouvelle culture ; les amis de Caton, Fabius et Flaccus, étaient les principaux hommes de la faction défendant l’ancienne platitude.

Voie vers les magistraturesModification

Partie du Forum romain. L’arc a été érigé par Septime Sévère.

Flaccus était un politicien perspicace, qui cherchait des hommes jeunes et émergents pour le soutenir. Il avait observé l’esprit martial de Caton et entendu sa langue éloquente. Il savait à quel point le courage et la persuasion étaient appréciés à Rome. Il savait aussi que la distinction obtenue sur le champ de bataille ouvrait la voie à des réalisations dans les plus hautes fonctions civiles. Enfin, Flaccus savait aussi que pour un étranger comme Caton, la seule voie vers les honneurs magistraux était le succès sur le Forum romain. C’est pourquoi il suggéra à Caton de réorienter son ambition vers le domaine de la politique romaine. Le conseil fut suivi. Invité à la maison de ville de Flaccus, et ratifié par son soutien, Caton commença à se distinguer sur le forum, et devint un candidat pour assumer un poste dans la magistrature.

Début de la carrière militaireEdit

QuaestorEdit

En 205 av. J.-C., Caton est nommé questeur, et l’année suivante (204 av. J.-C.) il entre dans les fonctions de son lieu de travail, en suivant Publius Cornelius Scipio Africanus Major en Sicile. Lorsque Scipion, après beaucoup d’opposition, obtint du sénat la permission de transporter des forces armées de Sicile en Afrique, Caton et Gaius Laelius furent désignés pour escorter les navires de transport de bagages. Pourtant, il s’avéra qu’il n’y avait pas entre Caton et Scipion l’amabilité de la coopération qui aurait dû exister entre un questeur et son proconsul.

Fabius s’était opposé à l’autorisation donnée à Scipion de porter l’attaque chez l’ennemi, et Caton, dont la nomination était destinée à surveiller le comportement de Scipion, adopta les vues de son ami. Plutarque rapporte que la discipline indulgente des troupes sous le commandement de Scipion et les dépenses exagérées engagées par le général provoquèrent les protestations de Caton, de sorte que Scipion, immédiatement après, répondit avec colère en disant qu’il rendrait compte des victoires et non de l’argent. Caton quitta son poste après la dispute avec Scipion au sujet des prétendues extravagances de ce dernier, et de retour à Rome, il condamna devant le sénat les activités peu économiques de son général. Plutarque poursuit en disant qu’à la demande conjointe de Caton et de Fabius, une commission de tribuns fut envoyée en Sicile pour examiner l’activité de Scipion. Après avoir examiné les dispositions prises pour le transport des troupes, ils ont déterminé qu’il n’était pas coupable des accusations de Caton. La version de Plutarque, qui semble attribuer à Caton la faute d’avoir quitté son poste avant son heure, est à peine compatible avec le récit de Tite-Live. Si Tite-Live est correct, la commission a été envoyée à cause des plaintes des habitants de Locri, qui avaient été durement opprimés par Quintus Pleminius, le légat de Scipion. Tite-Live ne dit rien de l’intervention de Caton dans cette affaire, mais mentionne l’amertume avec laquelle Fabius reprochait à Scipion de corrompre la discipline militaire et d’avoir illégalement quitté sa province pour prendre la ville de Locri.

L’auteur de la vie abrégée de Caton, communément considérée comme l’œuvre de Cornelius Nepos, affirme que Caton, après son retour d’Afrique, fit escale en Sardaigne, et amena le poète Quintus Ennius dans son propre navire de cette île en Italie. Mais comme la Sardaigne est plutôt en dehors de la ligne du voyage à Rome, il est plus probable que le premier contact entre Ennius et Caton se soit produit à une date ultérieure, lorsque ce dernier était préteur en Sardaigne.

Édile et préteurEdit

En 199 av. J.-C., Caton fut élu édile, et avec son collègue Helvius, il rétablit les jeux plébéiens, et donna à cette occasion un banquet en l’honneur de Jupiter. En 198 avant J.-C., il fut élu préteur et obtint la Sardaigne comme province, avec le commandement de 3 000 fantassins et 200 cavaliers. C’est là qu’il saisit la première occasion de démontrer ses principales convictions en mettant en pratique sa stricte moralité publique. Il réduisit les frais de fonctionnement officiels, fit ses déplacements avec un seul assistant et mit sa propre frugalité en contraste avec l’opulence des magistrats provinciaux. Les rites de la religion étaient célébrés avec parcimonie, la justice était administrée avec une stricte impartialité et l’usure était sévèrement punie. Selon Aurélius Victor, une révolte en Sardaigne fut maîtrisée par Caton pendant sa prépotence.

ConsulEdit

Promulgation des lois porciennesEdit

Article principal : Lois Porciennes

En 195 av. J.-C., alors qu’il n’a que 39 ans, Caton est élu consul junior auprès de son vieil ami et mécène Flaccus. Pendant son consulat, il promulgue les deux premières des lois porciennes, qui élargissent les protections des citoyens romains contre les peines dégradantes ou capricieuses prévues par la loi valérienne de la République.

Abrogation de la loi OppienneModification

Article principal : Loi Oppienne

En 215 avant J.-C., au plus fort de la deuxième guerre punique et à la demande du tribun de la plèbe Gaius Oppius, la loi Oppienne (Lex Oppia), destinée à restreindre le luxe et les extravagances des femmes afin d’économiser de l’argent pour le trésor public, est adoptée. La loi spécifiait qu’aucune femme ne pouvait posséder plus d’une demi-once d’or, ni porter un vêtement de plusieurs couleurs, ni conduire une voiture avec des chevaux à moins d’un mille de la ville, sauf pour assister à des célébrations publiques de rites religieux.

Après la défaite d’Hannibal et la resplendissante richesse carthaginoise à Rome, les tribuns Marcus Fundanius et Lucius Valerius proposèrent d’abolir la loi Oppienne, mais les tribuns Marcus Junius Brutus et Titus Junius Brutus s’y opposèrent. Ce conflit suscita beaucoup plus d’intérêt que les affaires d’État les plus importantes. Les femmes romaines mariées d’âge moyen se pressaient dans les rues, bloquaient l’accès au forum et interceptaient les maris qui s’approchaient d’elles, exigeant de retrouver les ornements traditionnels des matrones romaines. Elles suppliaient même les préteurs, les consuls et les autres magistrats. Même Flaccus hésita, mais son collègue Caton resta inflexible et prononça un discours caractéristique et impoli, qui fut plus tard relaté par Tite-Live. Finalement, les tribuns dissidents retirèrent leur opposition et la loi oppienne fut abrogée par un vote de toutes les tribus. Les femmes se rendirent en procession dans les rues et sur le forum, parées de leurs parures désormais légitimes.

Juste après le règlement de cette controverse, Caton, qui avait maintenu une opposition ferme sévère et déterminée, semble n’avoir subi aucun dommage très réel à sa popularité. Il s’embarqua bientôt pour sa province attitrée, l’Hispania Citerior.

Poste en Hispania CiteriorEdit

Dans sa campagne en Hispanie, Caton se comporta conformément à sa réputation de travailleur infatigable et de vigilance. Il vivait sobrement, partageant la nourriture et les travaux du simple soldat. Chaque fois que cela était possible, il supervisait personnellement l’exécution de ses ordres. Ses mouvements ont été rapportés comme étant audacieux et rapides, et il a toujours poussé pour la victoire. Ses opérations semblent avoir été soigneusement conçues et coordonnées avec les plans d’autres généraux dans d’autres parties de l’Hispanie. Ses manœuvres sont considérées comme originales et réussies. Il parvenait à tirer profit de l’opposition entre tribus et prenait des mercenaires indigènes à sa solde.

Hispanie en 197 av. J.-C.

Les détails de la campagne, tels qu’ils sont relatés par Tite-Live, et illustrés par des anecdotes accessoires de Plutarque, sont pleins d’horreur et ils montrent clairement que Caton a réduit l’Hispanie Citerior à l’asservissement avec une grande rapidité et peu de pitié. Nous lisons que des multitudes se sont donné la mort à cause du déshonneur après avoir été dépouillées de toutes leurs armes, qu’il y a eu de vastes massacres de troupes qui se sont rendues, et que les pillages étaient fréquents et durs. L’expression bellum se ipsum alet -la guerre se nourrit d’elle-même- a été inventée par Caton à cette époque. Sa conduite en Hispanie n’était pas en contradiction avec les idéaux traditionnels d’un soldat romain, ni avec son propre tempérament ferme et trop affirmé. Il prétendait avoir détruit plus de villes en Hispanie qu’il n’avait passé de jours dans ce pays.

Triomphe romainModifié

Après avoir réduit la région située entre le fleuve Ibère et les Pyrénées à une obéissance rancunière et, en fin de compte, temporaire, Caton se tourne vers des réformes administratives et augmente les revenus de la province en améliorant le fonctionnement des mines de fer et d’argent.

Pour ses exploits en Hispanie, le sénat décrète une cérémonie d’action de grâce de trois jours. Dans le courant de l’année 194 av. J.-C., il revint à Rome et fut récompensé par l’honneur d’un triomphe romain, au cours duquel il exposa une quantité extraordinaire de laiton, d’argent et d’or capturés, tant en pièces qu’en lingots. Caton distribua le prix monétaire à sa soldatesque, et se montra plus libéral qu’on aurait pu l’attendre de sa vigoureuse parcimonie.

Fin de la consulshipEdit

Le retour de Caton semble avoir accéléré l’inimitié de Scipion Africanus, qui était consul en 194 av. J.-C. et aurait désiré le commandement de la province dans laquelle Caton récoltait la notoriété. Il y a un certain désaccord entre Népos (ou le pseudo-Népos), et Plutarque, dans leurs comptes rendus de ce sujet. Népos prétend que Scipion n’a pas réussi à obtenir la province et que, offensé par ce refus, il est resté à Rome après son consulat, à titre privé. Plutarque prétend que Scipion, dégoûté par la sévérité de Caton, fut désigné pour lui succéder mais ne put convaincre le sénat de censurer l’administration de Caton, et passa son consulat dans l’inactivité. Plutarque s’est probablement trompé, à en juger par l’affirmation de Tite-Live, selon laquelle en 194 avant J.-C., Sextus Digitius fut nommé à la province d’Hispania Citerior. L’idée que Scipion a été nommé successeur de Caton en Hispanie peut provenir d’une double confusion de nom et de lieu, puisque Publius Cornelius Scipio Nasica a été choisi en 194 av. J.-C. pour la province d’Hispania Ulterior.

Toute véridique que soit ce récit, Caton a utilisé son éloquence et a produit des comptes financiers détaillés pour se défendre avec succès contre les critiques de sa consulship. Les fragments connus des discours (ou un seul discours sous différents noms) prononcés après son retour attestent de la force de ses arguments.

Plutarque affirme qu’après son consulat, Caton accompagna Tiberius Sempronius Longus comme légat en Thrace, mais cela semble incorrect car, bien que Scipio Africanus ait estimé qu’un seul consul devait avoir la Macédoine, Sempronius fut bientôt en Gaule cisalpine, et en 193 av. J.-C. Caton était à Rome pour dédier un petit temple à la Vierge.

Fin de carrière militaireEdit

Bataille des ThermopylesEdit

La carrière militaire de Caton n’était pas encore terminée. En 191 avant Jésus-Christ, il fut nommé, avec son vieil associé Lucius Valerius Flaccus, lieutenant-général (legatus) sous les ordres du consul Manius Acilius Glabrio, qui avait été envoyé en Grèce pour s’opposer à l’invasion d’Antiochus III le Grand, roi de l’Empire séleucide. Lors de la bataille décisive des Thermopyles (191 av. J.-C.), qui a conduit à la chute d’Antiochus, Caton s’est comporté avec sa valeur habituelle et a bénéficié d’une bonne fortune. Par une avance audacieuse et difficile, il a surpris et vaincu un corps d’auxiliaires étoliens de l’ennemi, qui étaient postés sur le Callidromus, le plus haut sommet de la chaîne du mont Oeta. Puis, venant à l’aide des forces sous le commandement de Flaccus, il commença une descente soudaine des collines au-dessus du camp royal, et la panique causée par ce mouvement inattendu fit rapidement basculer la journée en faveur des Romains, et signala la fin de l’invasion séleucide de la Grèce. Après l’action, le consul embrassa Caton avec la plus grande chaleur et lui attribua tout le mérite de la victoire. Ce fait repose sur l’autorité de Caton lui-même, qui, comme Cicéron, avait souvent l’habitude, choquante pour le goût moderne, de chanter ses propres louanges. Après un intervalle consacré à la poursuite d’Antiochus et à la pacification de la Grèce, Caton fut envoyé à Rome par le consul Glabrio pour annoncer le succès de la campagne, et il accomplit son voyage avec une telle célérité qu’il avait commencé son rapport au sénat avant le retour de Lucius Cornelius Scipion, le vainqueur ultérieur d’Antiochus, qui avait été envoyé de Grèce quelques jours avant lui.

Visite douteuse à AthènesEdit

Pendant la campagne en Grèce sous Glabrio, le récit de Plutarque (bien que rejeté par l’historien Wilhelm Drumann) suggère qu’avant la bataille des Thermopyles, Caton fut choisi pour empêcher Corinthe, Patrae et Aegium de se ranger du côté d’Antiochus. Au cours de cette période, Caton se rendit à Athènes où, pour tenter d’empêcher les Athéniens d’écouter les propositions du roi séleucide, Caton s’adressa à eux dans un discours latin, qui nécessitait un interprète pour être compris par l’auditoire. Il n’est cependant pas certain que ce soit par nécessité ou par simple choix de Caton, car des preuves anecdotiques permettent d’affirmer qu’il pouvait très bien connaître le grec à l’époque. Par exemple, Plutarque dit que pendant sa jeunesse à Tarentum, il avait développé une amitié étroite avec Néarque, qui était lui-même un philosophe grec. De même, Aurelius Victor a déclaré avoir reçu des cours de grec d’Ennius lorsqu’il était préteur en Sardaigne. Néanmoins, comme son discours était une affaire d’État, il est probable qu’il se soit conformé aux normes romaines de l’époque en utilisant la langue latine tout en pratiquant la diplomatie, ce qui était considéré comme une marque de la dignité romaine.

Influence à RomeModifier

Sa réputation de soldat était désormais établie ; désormais, il préférait servir l’État à domicile, en scrutant la conduite des candidats aux honneurs publics et des généraux en campagne. S’il n’est pas personnellement engagé dans la poursuite des Scipions (Africanus et Asiaticus) pour corruption, c’est son esprit qui anime l’attaque contre eux. Même Scipion Africanus – qui refusa de répondre à l’accusation, se contentant de dire :  » Romains, c’est le jour où j’ai vaincu Hannibal  » et fut absous par acclamation – dut se retirer, banni de lui-même, dans sa villa de Liternum. L’inimitié de Caton datait de la campagne d’Afrique, lorsqu’il s’était brouillé avec Scipion pour sa distribution somptueuse du butin parmi les troupes, et son luxe et son extravagance générale.

Caton était également opposé à la propagation de la culture hellénique, qui, selon lui, menaçait de détruire la rude simplicité du type romain conventionnel. C’est au cours de cette censure que sa détermination à s’opposer à l’hellénisme s’est manifestée avec le plus de force, d’où le comportement dont est issu le titre (censeur) par lequel il est le plus généralement distingué. Il révisait avec une sévérité sans partage les listes de sénateurs et de chevaliers, éjectant de l’un ou l’autre ordre les hommes qu’il jugeait indignes d’en faire partie, soit pour des raisons morales, soit en raison de leur manque des moyens prescrits. L’expulsion de L. Quinctius Flamininus pour cruauté gratuite est un exemple de sa justice rigide.

Ses règlements contre le luxe étaient très stricts. Il imposait une lourde taxe sur les vêtements et la parure personnelle, en particulier des femmes, et sur les jeunes esclaves achetés comme favoris. En 181 av. J.-C., il soutint la lex Orchia (selon d’autres, il s’opposa d’abord à son introduction, puis à son abrogation), qui prescrivait une limite au nombre d’invités à un divertissement, et en 169 av. J.-C. la lex Voconia, dont l’une des dispositions visait à limiter l’accumulation de ce que Caton considérait comme une quantité indue de richesse entre les mains des femmes.

Travaux publicsModifié

Entre autres choses, il répara les aqueducs, nettoya les égouts et empêcha les particuliers de puiser l’eau publique pour leur propre usage. L’Aqua Appia fut le premier aqueduc de Rome. Il a été construit en 312 avant Jésus-Christ par Appius Claudius Caecus, le même censeur romain qui a également construit l’importante Via Appia. La plomberie non autorisée dans les aqueducs de Rome avait toujours été un problème, comme le rapporte Frontinus bien plus tard. Caton ordonna également la démolition des maisons qui empiétaient sur la voie publique et fit construire la première basilique du Forum, près de la Curie (Tite-Live, Histoire, 39.44 ; Plutarque, Marcus Caton, 19). Il augmenta le montant payé par les publicani pour le droit de percevoir les impôts et, en même temps, réduisit les prix des contrats pour la construction des travaux publics.

Les dernières annéesModifier

De la date de sa censure (184 av. J.-C.) à sa mort en 149 av. J.-C., Caton n’occupa aucune fonction publique, mais continua à se distinguer au Sénat comme l’adversaire persistant des idées nouvelles. Il fut frappé d’horreur, comme beaucoup d’autres Romains, devant la licence des mystères bacchanales, qu’il attribuait à l’influence des mœurs grecques, et il demanda avec véhémence le renvoi des philosophes Carnéades, Diogène et Critolaus, venus d’Athènes en tant qu’ambassadeurs, en raison de ce qu’il croyait être la nature dangereuse de leurs idées. Il lança également des avertissements contre l’influence des astrologues chaldéens qui étaient entrés en Italie en même temps que la culture grecque.

Il avait horreur des médecins, qui étaient principalement des Grecs. Il obtint la libération de Polybe, l’historien, et de ses compagnons de détention, demandant avec mépris si le Sénat n’avait rien de plus important à faire que de discuter si quelques Grecs devaient mourir à Rome ou dans leur propre pays. Ce n’est que dans sa quatre-vingtième année qu’il fit sa première connaissance avec la littérature grecque, bien que certains pensent, après avoir examiné ses écrits, qu’il a pu avoir une connaissance des œuvres grecques pendant une grande partie de sa vie.

Dans ses dernières années, il était connu pour avoir vigoureusement exhorté ses compatriotes à poursuivre la troisième guerre punique et à détruire Carthage. En 157 av. J.-C., il est l’un des députés envoyés à Carthage pour arbitrer entre les Carthaginois et Massinissa, roi de Numidie. La mission échoue et les commissaires rentrent chez eux, mais Caton est tellement frappé par la prospérité croissante de Carthage qu’il est convaincu que la sécurité de Rome dépend de son anéantissement. À partir de ce moment-là, il commença à conclure ses discours – sur n’importe quel sujet – par le cri « de plus, je conseille que Carthage soit détruite » (Ceterum censeo Carthaginem esse delendam). D’autres fois, « Carthage doit être détruite » était formulé de manière plus compacte comme Carthago delenda est ou delenda est Carthago. Le dialogue de Cicéron, Caton l’Ancien sur la vieillesse, décrit également l’antipathie de Caton pour Carthage. Selon Ben Kiernan, Caton pourrait avoir fait la première incitation au génocide enregistrée.

Pour Caton, la vie individuelle était une discipline continuelle, et la vie publique était la discipline de la multitude. Il considérait le maître de maison individuel comme le germe de la famille, la famille comme le germe de l’État. Par une stricte économie de temps, il accomplissait une immense quantité de travail ; il exigeait de ses dépendants un dévouement similaire, et se révélait un mari dur, un père sévère, un maître sévère et cruel. Il y avait peu de différence, apparemment, dans l’estime qu’il portait à sa femme et à ses esclaves, bien que peut-être son orgueil l’ait poussé à porter un intérêt plus chaleureux à ses fils, Marcus Porcius Cato Licinianus et Marcus Porcius Cato Salonianus.

Pour les Romains eux-mêmes, peu de choses dans ce comportement semblaient dignes de censure, il était plutôt respecté comme un exemple traditionnel des anciennes manières romaines. Dans le passage remarquable où Tite-Live décrit le caractère de Caton, il n’y a aucun mot de blâme pour la discipline rigide de sa maison.

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