« Où, après tout, commencent les droits de l’homme universels ? Dans de petits endroits, près de chez soi – si proches et si petits qu’ils ne peuvent être vus sur aucune carte du monde. (…) Ce sont les endroits où chaque homme, chaque femme et chaque enfant recherche une justice égale, des chances égales, une dignité égale sans discrimination. Si ces droits n’ont pas de sens là-bas, ils n’en ont guère ailleurs. Sans une action citoyenne concertée pour les faire respecter près de chez nous, nous chercherons en vain des progrès dans le monde entier. »

– Eleanor Roosevelt, présidente du comité de rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH)

Lors de la 183e séance plénière du 10 décembre 1948, l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) a adopté l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), qui stipule que : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. » Le 10 décembre a marqué le 70e anniversaire de la DUDH, et les Nations unies (ONU) ont prévu une série d’activités pour marquer cette occasion capitale. Cette chronique de UN Matters examinera les droits de l’homme en mettant l’accent sur la santé mentale mondiale pour célébrer cet anniversaire. Sans aucun doute, la partie la plus pertinente de l’article 25 reliant la santé mentale et les droits de l’homme est « le droit à un niveau de vie suffisant pour la santé et le bien-être. »

La santé mentale est un droit de l’homme

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU (CDH) est un organe intergouvernemental au sein du système de l’ONU qui est composé de 47 pays élus parmi l’ensemble des membres. Le Conseil est responsable de la promotion et de la protection de tous les droits de l’homme dans le monde, et il considère la santé physique et mentale comme un élément central de son travail. Par l’intermédiaire du rapporteur spécial qu’il a nommé, actuellement Dainius Pūras de Lituanie, le CDH aide les États membres et d’autres à promouvoir et à protéger le droit au meilleur état de santé physique et mentale possible (droit à la santé). Le conseil reconnaît les principes suivants :

  • Le droit à la santé est un droit inclusif, qui s’étend non seulement à des soins de santé appropriés et en temps opportun, mais aussi aux déterminants sous-jacents de la santé, tels que l’accès à une eau sûre et potable et à un assainissement adéquat, à des conditions professionnelles et environnementales saines, et à l’accès à l’éducation et à l’information en matière de santé, y compris la santé sexuelle et reproductive.
  • Le droit à la santé contient à la fois des libertés et des droits. Les libertés comprennent le droit de contrôler sa santé, y compris le droit d’être libre de tout traitement médical et de toute expérimentation non consensuels. Les droits comprennent le droit à un système de protection de la santé (par ex, les soins de santé et les déterminants sous-jacents de la santé) qui offre l’égalité des chances aux personnes de jouir du meilleur état de santé possible.
  • Le droit à la santé est un concept large qui peut être décomposé en droits plus spécifiques tels que les droits à la santé maternelle, infantile et reproductive ; à un lieu de travail et à un environnement naturel sains ; à la prévention, au traitement et au contrôle des maladies, y compris l’accès aux médicaments essentiels ; et à l’accès à une eau sûre et potable.

La relation entre les droits de l’homme et la santé mentale

Le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) déclare que « le droit à la santé est une partie fondamentale de nos droits de l’homme et de notre compréhension d’une vie dans la dignité ». Le préambule de la Constitution de 1946 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». La relation entre la santé mentale et les droits de l’homme est intégrale et interdépendante. Par exemple, les violations des droits de l’homme, telles que la torture et le déplacement, ont un effet négatif sur la santé mentale. Ensuite, les pratiques, programmes et lois en matière de santé mentale, comme les pratiques de traitement coercitif, peuvent entraver les droits de l’homme. Enfin, l’avancement des droits de l’homme profite à la santé mentale. Ces avantages s’étendent au-delà de la santé mentale, car il existe un lien étroit entre la santé physique et la santé mentale. Il existe donc des raisons cliniques et économiques, ainsi que des obligations morales et juridiques, de faire progresser les soins de santé mentale en tant que fondamentaux pour les droits de l’homme.

Dans son rapport de 2014, l’OMS estime qu’à l’échelle mondiale, moins de 5 % des dépenses de santé des administrations publiques sont allouées à la santé mentale, et ce chiffre est nettement inférieur dans les pays à faible revenu (OMS, 2015). En termes simples, la santé mentale ne bénéficie pas de la parité avec la santé physique en termes de budgétisation et d’attention, et cela crée une hiérarchie involontaire où la santé mentale est classée plus bas que la santé physique. Le HCDH signale que dans certains pays, les seuls soins disponibles pour les personnes souffrant de troubles mentaux se trouvent dans des institutions psychiatriques, et nombre d’entre elles sont associées à d’importantes violations des droits de l’homme se traduisant par des traitements et des conditions de vie inhumains, tels que l’enchaînement ou l’enfermement pendant de longues périodes.

La situation actuelle de la santé mentale dans le monde d’après le rapport du HCDH

  • Les troubles de la santé mentale affecteront une personne sur quatre au cours de sa vie.
  • Dans le monde, la santé mentale ne bénéficie pas de la parité avec la santé physique en termes de budgétisation, ou d’éducation et de pratique médicales.
  • La stigmatisation est un déterminant important de la qualité des soins et de l’accès à l’ensemble des services dont ont besoin les personnes souffrant de troubles mentaux.
  • Près des deux tiers des personnes souffrant de troubles mentaux ne chercheront pas à se faire soigner pour leur état.
  • Une mauvaise santé mentale est un facteur prédisposant aux problèmes de santé physique.
  • Les personnes souffrant de troubles mentaux ont une espérance de vie beaucoup plus réduite que celle de la population générale, avec une baisse estimée de l’espérance de vie de 20 ans pour les hommes et de 15 ans pour les femmes.

Stigmatisation et discrimination

L’expert en droit à la santé de l’ONU, le rapporteur spécial Dainius Pūras, affirme que l’un des défis les plus fondamentaux pour la santé mentale est la stigmatisation et la discrimination. L’OMS (2014) soutient que la stigmatisation sociale continue d’être un obstacle à la recherche et à la réception d’un traitement pour les difficultés de santé mentale. Le fait de porter une étiquette de maladie mentale n’affecte pas seulement la personne atteinte, mais aussi les membres de la famille et les amis proches, ce qui peut à son tour entraîner un fardeau similaire (connu sous le nom de stigmatisation de courtoisie). La littérature suggère que les programmes d’intervention contre la stigmatisation, tels que  » Opening Minds  » au Canada (Pietrus, 2013) et  » Like Minds Like Mine  » en Nouvelle-Zélande, ont permis d’améliorer la compréhension envers les personnes atteintes de maladie mentale. Cependant, les gouvernements des pays à revenu faible et moyen sont généralement ceux qui dépensent le moins pour la santé mentale, ce qui rend de plus en plus difficile la fourniture de services cliniques et d’interventions anti-stigmatisation. Cela a incité les défenseurs à souligner que la mise en œuvre d’interventions anti-stigmatisation ayant des antécédents positifs doit être une priorité (Mascayano, Armijo & Yang, 2015).

De nombreux facteurs influencent la stigmatisation de la maladie mentale, car la maladie mentale est comprise différemment de la santé physique pour des raisons économiques, culturelles, religieuses et politiques. Souvent, les gens ne cherchent pas à obtenir une aide professionnelle et s’en remettent à d’autres solutions par crainte de la discrimination ou parce qu’ils croient qu’elle peut se résoudre sans traitement. Les efforts de nombreux professionnels de la santé mentale qui ont tenté de déstigmatiser la maladie mentale en l’expliquant en termes biologiques se sont parfois retournés contre eux dans la pratique (Lauber & Rossler, 2007). Le langage clinique est souvent difficile à comprendre, et lorsqu’un trouble psychiatrique est pathologisé de cette manière, cela a tendance à faire croire aux gens que ces conditions sont inchangeables, ce qui exacerbe en fait la stigmatisation. La littératie et la psychoéducation entourant la santé mentale sont primordiales pour diminuer la stigmatisation, et il pourrait être bénéfique que des personnalités publiques ayant des expériences personnelles s’adressent à leurs communautés en mettant des visages sur la maladie mentale.

Initiatives des Nations unies (ONU)

La communauté internationale reconnaît de plus en plus que la santé mentale est l’une des questions de développement les plus négligées, mais essentielles pour atteindre les objectifs de développement convenus au niveau international. L’ONU et les agences mondiales telles que le HCDH ont plaidé pour un certain nombre de changements de politique afin de s’attaquer à la stigmatisation et à la discrimination dont souffrent spécifiquement les personnes atteintes de maladie mentale, et/ou de handicaps psychosociaux. Ces politiques incluent l’inclusion systématique des droits de l’homme dans les politiques et la reconnaissance de l’autonomie, de l’agence et de la dignité de l’individu. Les principaux domaines à cibler sont les suivants :

  • Améliorer l’accès et la qualité de la prestation des services de santé mentale.
  • Créer des environnements juridiques et politiques propices à la réalisation des droits de l’homme des personnes atteintes de troubles mentaux et de handicaps psychosociaux.
  • Intégrer des programmes et des politiques de prévention qui combattent la stigmatisation et la discrimination.

En mars 2016, le Portugal et le Brésil, ainsi que 73 États, ont publié une déclaration commune pour souligner la centralité de la santé mentale pour la pleine réalisation du droit à la santé. La déclaration a également souligné l’importance d’adopter une perspective de droits de l’homme pour assurer le respect de la dignité de tous les êtres humains, et la pleine jouissance des droits de l’homme sans discrimination.

Le 1er juillet 2016, le HCDH a mandaté le Conseil des droits de l’homme, dans la résolution 32/18, pour préparer un rapport identifiant certains des principaux défis auxquels sont confrontés les utilisateurs des services de santé mentale, les personnes souffrant de troubles mentaux et celles souffrant de handicaps psychosociaux. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a précisé que le rapport devait identifier les défis existants, les bonnes pratiques émergentes et inclure une liste de recommandations.Le conseil a publié son rapport lors de sa 34e session le 24 mars 2017, qui identifie les défis systémiques de la santé mentale qui incluent la stigmatisation et la discrimination, les violations des droits économiques, sociaux et autres, et le déni d’autonomie et de capacité juridique. Le manque de ressources est également l’un des défis les plus marquants. Le rapport indique qu’en dépit de l’impact des troubles mentaux sur les individus, les familles et les communautés, les ressources financières et humaines consacrées à la santé mentale sont insuffisantes. À titre d’exemple, les dépenses annuelles mondiales en matière de santé mentale seraient inférieures à 2 dollars par personne et à 0,25 dollar par personne dans les pays à faible revenu. Dans de nombreuses situations, les maigres ressources ne sont pas judicieusement allouées pour un bénéfice maximal, car des proportions importantes des budgets de santé mentale sont allouées aux hôpitaux psychiatriques, et non au financement de services de santé mentale à base communautaire qui bénéficient d’un solide soutien empirique. Il en résulte une prestation inadéquate des services, des professionnels de la santé mentale insuffisamment formés, une accessibilité minimale à des services de santé mentale de qualité et une prestation inadéquate de services répondant aux normes des droits de l’homme. Par conséquent, ces pratiques violent l’article 2 (1) du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui stipule que :  » Tout État partie au présent Pacte s’engage à agir, tant par son effort propre que par l’assistance et la coopération internationales, notamment sur les plans économique et technique, au maximum de ses ressources disponibles, en vue d’assurer progressivement le plein exercice des droits reconnus dans le présent Pacte par tous les moyens appropriés, y compris en particulier l’adoption de mesures législatives. « 

Les pratiques rapportées ci-dessus portent atteinte au droit à la santé qui est reconnu dans le Pacte ainsi que dans l’article 25 de la DUDH. Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966) constitue, avec la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966), la Charte internationale des droits de l’homme. Le Pacte a été adopté par l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) dans sa résolution 2200A (XXI) du 16 décembre 1966. Il est entré en vigueur en 1976 et, au 1er décembre 2007, 157 États l’avaient ratifié.

Le Conseil des droits de l’homme, dans sa résolution 36/13, a reconnu que les personnes souffrant de handicaps psychosociaux, les personnes atteintes de troubles mentaux et les usagers de la santé mentale sont victimes de discrimination, de stigmatisation, de préjugés, de violence, d’abus, d’exclusion sociale et de ségrégation, d’institutionnalisation illégale ou arbitraire, de surmédicalisation et de pratiques de traitement qui ne respectent pas leur autonomie, leur volonté et leurs préférences. Afin de remédier à ces violations des droits de l’homme, le Conseil a convoqué une réunion à Genève, en Suisse, les 14 et 15 mai 2018. La réunion était axée sur l’identification de stratégies visant à promouvoir les droits de l’homme en santé mentale et elle était ouverte à toutes les parties prenantes intéressées. Dans l’une des présentations de la réunion, Mme Yeni Rosa Damayanti, la dirigeante de l’Association indonésienne de santé mentale (IMHA) a rappelé à la communauté mondiale que, bien que la réunion ait été convoquée pour parler de la santé mentale et des droits de l’homme, il est important que l’organisme mondial considère ce sujet comme « … l’inclusion et les droits de l’homme pour les personnes atteintes de handicaps psychosociaux. » Selon Mme Damayanti, l’inclusion vient d’abord et la santé mentale vient ensuite.

Le cadre du droit à la santé

Le travail de l’ONU pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination en matière de santé mentale a largement porté sur le cadre du droit à la santé.
Ce cadre est envisagé comme un objectif programmatique à long terme. Il affirme que la santé et les soins de santé sont un droit inclusif qui englobe à la fois des soins de santé appropriés et opportuns et les déterminants sous-jacents de la santé. Dans le cas de la santé mentale, les déterminants comprennent le faible statut socio-économique, la violence et les abus, les expériences négatives de l’enfance, le développement de la petite enfance et l’existence de relations de soutien et de tolérance dans la famille, sur le lieu de travail et dans d’autres contextes. Le droit à la santé contient des libertés (comme le droit de ne pas être soumis à un traitement médical non consensuel) et des droits (comme le droit à un système de santé offrant un accès égal à un traitement de qualité) mentionnés précédemment dans cet article. Ce cadre a été inclus dans de nombreux documents des Nations unies, notamment le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (article 2, paragraphe 1), la Convention relative aux droits de l’enfant (article 24), la Convention relative aux droits des personnes handicapées (article 25) et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (articles 10 (h), 11 (1) (f), 11 (2), 12 et 14 (2) (b)). Ces efforts mettent l’accent sur le soutien aux programmes et politiques de lutte contre la stigmatisation et la discrimination.

Le cadre du droit à la santé (décrit ci-dessus) suggère une approche fondée sur les droits de l’homme pour garantir que les installations, les biens et les services de santé pour la santé mentale sont disponibles en quantité suffisante et sont accessibles et abordables sur la base de la non-discrimination. Les services doivent être sensibles au genre, scientifiquement et médicalement appropriés, de bonne qualité et respectueux de l’éthique médicale. Une caractéristique intégrale du droit à la santé est l’attente d’une participation significative de toutes les parties prenantes aux décisions et aux politiques en matière de santé. Il est également important que des processus transparents soient garantis pour les personnes ayant des problèmes de santé mentale et celles qui utilisent les services de santé mentale.

Agenda 2030 pour les objectifs de développement durable (ODD)

Le cadre du droit à la santé a été complété par l’engagement mondial pris dans l’Agenda 2030 pour les objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’ODD 3, qui vise à assurer une vie saine et à promouvoir le bien-être pour tous, à tout âge.

  • La cible 3.4 – porte sur la prévention et le traitement, et promeut la santé mentale et le bien-être
  • La cible 3.5 – porte sur la prévention et le traitement de la toxicomanie, y compris l’abus de stupéfiants et l’usage nocif de l’alcool
  • La cible 3.8 – porte sur la couverture sanitaire universelle. Bien que cette cible se concentre sur des domaines où la santé mentale n’est pas spécifiquement référencée, il existe d’autres questions pertinentes qui comprennent la protection contre les risques financiers, l’accès à des services de soins de santé essentiels de qualité, des médicaments essentiels abordables et des vaccins pour tous.

Progrès réalisés

Bien qu’il y ait encore des défis à relever, des progrès ont été réalisés au cours des dernières décennies.

  • Cible 1.1 : 80 pour cent des pays auront élaboré ou mis à jour leurs politiques ou plans pour la santé mentale conformément aux instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits de l’homme (d’ici 2020). La proportion de pays atteignant cette cible a légèrement augmenté, passant de 45 % (Atlas 2014) à 48 % (Atlas 2017) de l’ensemble des États membres de l’OMS.
  • Cible 1.2 : 50 % des pays auront élaboré ou mis à jour leur législation en matière de santé mentale conformément aux instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits de l’homme (d’ici à 2020). La proportion de pays atteignant cette cible a légèrement augmenté, passant de 34 pour cent (Atlas 2014) à 39 pour cent (Atlas 2017) de tous les États membres de l’OMS.
  • Cible 2 : la couverture des services pour les troubles mentaux graves aura augmenté de 20 pour cent (d’ici à 2020). Bien qu’Atlas 2017 ait fait un effort substantiel pour accroître la fiabilité des données, la couverture des services pour les troubles mentaux graves n’a pas pu être calculée. La prévalence traitée pour les psychoses, les troubles bipolaires et la dépression était respectivement de 171,3, 41,0 et 95,6 pour 100 000 habitants.
  • Cible 3.1 : 80 % des pays disposeront d’au moins deux programmes nationaux multisectoriels opérationnels de promotion et de prévention de la santé mentale (d’ici 2020). La proportion de pays atteignant cette cible est passée de 41 pour cent (Atlas 2014) à 63 pour cent (Atlas 2017) de tous les États membres de l’OMS.
  • Cible 3.2 : le taux de suicide dans les pays sera réduit de 10 pour cent (d’ici à 2020). Selon les données de l’OMS sur le suicide, le taux de suicide a légèrement diminué, passant de 11,4 à 10,5 pour 100 000 habitants entre 2014 et 2017.
  • Cible 4 : 80 % des pays collecteront et déclareront systématiquement, tous les deux ans, au moins un ensemble essentiel d’indicateurs de santé mentale par le biais de leurs systèmes nationaux d’information sanitaire et sociale (d’ici à 2020). La proportion de pays atteignant cette cible a légèrement augmenté, passant de 64 pays, soit 33 % de l’ensemble des États membres de l’OMS (Atlas 2014), à 71 pays, soit 37 % de l’ensemble des États membres de l’OMS (Atlas 2017).

Le cadre du droit à la santé reconnaît la relation étroite entre la santé physique et la santé mentale et appelle à une approche qui accorde une valeur égale aux deux. Certaines personnes qui lisent cet article peuvent trouver surprenant d’apprendre que le fait d’avoir un problème psychosocial pourrait empêcher un individu d’être en mesure d’exercer son droit de vote dans le processus politique. La présentation de Mme Yeni Damayanti lors de la récente réunion des Nations unies à Genève nous a informés d’une victoire obtenue grâce au travail acharné de la Perhimpunana Jiwa Sehat (Association indonésienne de santé mentale, IMHA). L’organisation, sous la direction de Mme Damayanti, a plaidé avec succès pour la création d’un centre de soutien financé par le gouvernement indonésien pour les personnes souffrant de handicaps psychosociaux dans le sud de Jakarta. Le travail de l’organisation avec la Cour constitutionnelle a facilité les changements qui ont permis aux personnes atteintes de handicaps psychosociaux de voter pour la première fois aux élections régionales, début 2017.

Empêchements actuels à l’amélioration de la santé mentale dans le monde

Obtenir une compréhension généralisée de l’étiologie de la maladie mentale est encore une tâche majeure. Une proportion importante de la population mondiale ne comprend pas l’étiologie biologique de la maladie mentale et, par conséquent, attribue la maladie mentale à des forces surnaturelles et à l’ennemi (Armiya’u, 2015). Dans certaines régions du monde, les facteurs culturels comprennent des idées selon lesquelles la maladie mentale appartient à toute la famille et est une source de honte, et les problèmes de santé mentale liés à l’environnement sont considérés comme des faiblesses personnelles. D’autres facteurs notables qui contribuent à ce manque de compréhension comprennent le manque de formation systématique des professionnels de la santé, moins d’informations sur les facteurs culturels qui sont protecteurs et/ou qui pourraient être intégrés dans le développement des interventions de traitement et de prévention, une recherche minimale et l’absence de programmes de formation explicites sur le cadre des droits de l’homme à la santé dans les États et les organisations.

Que peut faire la psychologie pour améliorer la situation actuelle ?

Lors de la dernière convention de l’APA à San Francisco (9-12 août 2018), la représentation de l’APA-ONU a présenté un symposium sur les droits de l’homme, avec quatre panels. L’un des panels portait sur la stigmatisation de la santé mentale. Historiquement, la convention annuelle de l’APA attire des participants internationaux, et les représentants de l’APA-ONU espèrent que les informations présentées ont atteint un public mondial. Les auteurs de cet article pensent également que la psychologie peut contribuer davantage à ce sujet intéressant en :

  • S’attaquant à la stigmatisation et à la discrimination en matière de santé mentale dans un contexte mondial
  • S’attaquant à la santé mentale dans le cadre des droits de l’homme dans les programmes de psychologie, en particulier dans les programmes de formation de troisième cycle avec un cadre explicite des droits de l’homme. Il s’agit d’un élément clé.
  • Mettre en place une formation systématique et une sensibilisation des professionnels de la santé
  • Rendre une approche « personne entière » qui intègre des services de santé mentale interdisciplinaires dans les soins primaires (et vice versa)
  • Collaborer avec la société civile (ONG) pour engager les gouvernements locaux
  • Réaliser et partager des recherches avec des organismes locaux, organismes locaux, nationaux et internationaux

En outre,

  • L’American Psychological Association (APA) poursuit les efforts actuels de développement de protocoles d’entente (MOU) avec des organisations de psychologie dans le monde entier, par le biais du Bureau des affaires internationales (OIA)
  • Le plaidoyer de l’APA par le biais du statut d’ONG à l’ONU
  • Les organisations de psychologie basées à l’ONU (représentants APA-UN, PCUN) s’engagent avec le rapporteur spécial de l’ONU et facilitent le « changement de paradigme » vers une approche holistique qui est consciente et respectueuse des différentes valeurs culturelles

Conclusion

Comme le souligne cet article, il y a une action et un engagement mondiaux croissants pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination en matière de santé mentale. La communauté mondiale peut faire davantage. Lors de la présentation de son rapport 2017 au Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève, Pūras a appelé au respect de la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées. Pūras a noté que la pratique consistant à ne pas intégrer les voix des personnes les plus touchées par la maladie mentale dans les politiques est « un échec à respecter, protéger et réaliser le droit à la santé. » Et, au cas où nous l’aurions oublié, il nous a rappelé que cet échec se produit dans tous les pays de l’éventail des revenus nationaux. Les auteurs de cet article soutiennent la position de Pūras selon laquelle la communauté mondiale a besoin « d’engagements politiques audacieux, de réponses politiques urgentes et de mesures correctives immédiates » en matière de santé mentale.

A propos des auteurs

Comfort B. Asanbe, PhD, (représentant de l’APA auprès du DPI de l’ONU) est professeur associé au département de psychologie du College of Staten Island, City University of New York.

Ayorkor Gaba, PsyD, (représentant de l’APA à l’ECOSOC de l’ONU) est professeur adjoint au département de psychiatrie de la faculté de médecine de l’Université du Massachusetts.

Jeea Yang, B.A, (stagiaire diplômé de l’APA-ONU) est un étudiant diplômé de l’Université de New York.

Armiya’u, A. Y. (2015). Un examen de la stigmatisation et de la maladie mentale au Nigeria. Journal of Clinical Case Reports 5:488. doi:10.4172/2165-7920.1000488

Damayanti, Y. R. (14-15 mai 2018). La santé mentale et les droits de l’homme : Identifier les stratégies pour promouvoir les droits de l’homme en santé mentale, Palais des Nations, Genève.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5070696/

https://www.ohchr.org/EN/Issues/Health/Pages/SRRightHealthIndex.aspx

https://www.ohchr.org/EN/Issues/Pages/MentalHealth.aspx

https://www.ohchr.org/EN/Issues/Pages/WhatareHumanRights.aspx

https://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/Pages/AboutCouncil.aspx#gotonavigation

Lauber, C., & Rossler, W. (2007). Stigma envers les personnes atteintes de maladie mentale dans les pays en développement en Asie. Revue internationale de psychiatrie, 19(2), 157-178.

Mascayano, F., Armijo, J., Yang, L. (2015). Lutter contre la stigmatisation liée à la maladie mentale dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Front Psychiatry, 6(38). doi : 10.3389/fpsyt.2015.00038

La santé mentale est un droit humain
https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/MentalHealthIsAhumanright.aspx

Ministère de la Santé et Agence de promotion de la santé de Nouvelle-Zélande (2014).  » Like Minds, Like Mine  » Plan national 2014-2019 : Programme visant à accroître l’inclusion sociale et à réduire la stigmatisation et la discrimination des personnes ayant une expérience de la maladie mentale.
https://www.health.govt.nz/publication/minds-mine-national-plan-2014-2019

Pietrus M. (2013, 18 novembre).  » Ouvrir l’esprit  » rapport provisoire Calgary (AB) : Commission de la santé mentale du Canada. https://www.mentalhealthcommission.ca/sites/default/files/2016/05/opening_minds_interim_report.pdf

Rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (24 mars 2017).
https://globalmentalhealth.org/…/report-united-nations-high-commissioner-human-rig…

Déclaration de Dainius Pūras à la 32e session du Conseil des droits de l’homme, 14 juin 2016.

Le droit à la santé mentale
https://www.ohchr.org/EN/Issues/Health/Pages/RightToMentalHealth.aspx

Faits et chiffres de la DUDH, http://www.standup4humanrights.org/en/download.html

Nations unies. (2015). Objectif de développement durable 3 : assurer une vie saine et promouvoir le bien-être de tous à tout âge. Récupéré de https://sustainabledevelopment.un.org/sdg3.

Organisation mondiale de la santé (2015). Atlas de la santé mentale 2014

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