Un monument à la Convention nationale de 1792-1795 au Panthéon

La Convention nationale fut la troisième tentative de la France révolutionnaire d’avoir une législature nationale. Elle fut formée en septembre 1792, après l’invasion des Tuileries le 10 août, et élue avec une franchise plus large que l’Assemblée législative. Les trois années de la Convention nationale s’avèrent mouvementées, divisées et violentes. Elles furent marquées par la guerre et la guerre civile, la montée du radicalisme à Paris, les luttes de factions entre les Girondins et les Montagnards et l’échec continu des politiques et des conditions économiques.

La Convention formée

La formation de la Convention nationale fait suite à l’insurrection du 10 août et à l’attaque des Tuileries et à la suspension de la monarchie.

Ayant voté la suspension du roi, l’Assemblée législative se retrouve sans exécutif ni chef d’État. Pendant le reste du mois d’août, une grande partie de Paris est focalisée sur la guerre révolutionnaire, alors que des régiments prussiens et autrichiens franchissent la frontière et se dirigent vers la capitale française.

L’Assemblée législative, quant à elle, cherche à justifier son existence en revendiquant le renversement du roi de sa propre initiative, ignorant totalement le rôle de la Commune, des Fédérés et des sans-culottes. L’Assemblée cultive le soutien de l’opinion publique en remplaçant les ministres du roi par des personnalités populaires, notamment Georges Danton comme ministre de la justice. Le 25 août, l’Assemblée abolit tous les droits féodaux, sans exception et sans compensation.

L’Assemblée législative condamnée

Plaquette montrant la Convention nationale déclarant une république française

Malgré ces réformes, l’Assemblée législative était un corps condamné. Ses députés étaient désespérément divisés et de nombreux membres conservateurs abandonnèrent l’agitation et les dangers de Paris, retournant chez eux dans leurs provinces.

La principale affaire de l’Assemblée en août fut de préparer sa propre disparition et de planifier les élections d’une nouvelle législature. La question de savoir qui devrait élire ce nouveau corps a été vivement débattue. Le 12 août, l’Assemblée propose que « la division du peuple français en citoyens actifs et passifs soit abolie ».

Malgré cela, les députés hésitaient à accorder le suffrage universel intégral. Pour participer aux élections nationales, conclut finalement l’Assemblée, il faut être « Français, âgé de 21 ans, domicilié depuis un an, vivant d’un revenu ou du produit d’un travail, et non en servitude ». Le droit de vote, en d’autres termes, était refusé aux femmes, aux domestiques et aux personnes dépendant de la charité.

Elections et composition

La salle et les bancs utilisés par la Convention nationale en assemblée

Les élections pour la nouvelle Convention nationale furent organisées à la hâte et se déroulèrent dans la première semaine de septembre 1792. La participation électorale fut faible, avec seulement environ un million d’hommes votant, malgré l’augmentation significative du suffrage. Ce scrutin coïncide avec le massacre de plus de 1 100 prisonniers à Paris, un événement qui a pu perturber l’élection.

Un total de 749 députés ont été élus à la Convention. Leurs affiliations politiques ont été étudiées de près. La plupart des nouveaux députés appartenaient à la Plaine ou au Marais, la masse désœuvrée des modérés qui occupait l’étage et le bas de la salle de l’assemblée. Environ un quart (200 environ) des nouveaux députés étaient des Jacobins et un autre cinquième (160) se regroupait autour de Jacques Brissot.

La plupart des députés élus avaient une certaine expérience de la politique ou de la vie publique. Près de la moitié des 749 étaient des avocats, 55 étaient des ecclésiastiques, huit étaient des nobles et un (Philippe Égalité, l’ancien duc d’Orléans) était un royal mineur.

Au total, 83 députés, dont Robespierre, avaient siégé à l’Assemblée nationale constituante. Mais la nouvelle Convention contenait aussi un élément radical absent des législatures précédentes. Louis Legendre était un boucher parisien qui avait pris d’assaut la Bastille ; Jean-Baptiste Armonville était un cardeur de laine mal embouché ; François Montegut était un fossoyeur du sud de la France.

Une floraison d’optimisme

La première séance de la Convention nationale se tint dans une salle des Tuileries. Comme les deux assemblées qui l’ont précédée, la Convention a commencé par une floraison d’optimisme, promettant de mettre de côté les différences politiques et personnelles pour diriger la nation. Le deuxième jour, les députés de la Convention votent leur premier acte majeur, abolissant la monarchie et transformant la France en république.

Le ton des événements est décrit par Henri Grégoire :

« Pas un de nous ne se proposerait jamais de conserver en France la race fatale des rois. Nous savons tous mais trop bien que les dynasties n’ont jamais été autre chose que des tribus rapaces, qui ne vivent que de chair humaine. Il est absolument nécessaire de rassurer les amis de la liberté. Il faut détruire ce talisman dont la puissance magique suffit encore à stupéfier beaucoup d’hommes. Je propose en conséquence que vous sanctionniez, par une loi solennelle, l’abolition de la royauté. »

Factionnisme

Comme souvent en politique, les députés de la Convention nationale trouvèrent plus facile de se chamailler et de se diviser que de s’unifier et de se reconstruire. Les premiers mois de la Convention ont été définis par des divisions et des conflits entre factions.

Les députés de la Convention gravitaient dans trois factions distinctes. Les Montagnards étaient les démocrates radicaux qui occupaient les bancs supérieurs de la salle, à gauche du siège du président. En face, les Girondins, républicains modérés, provinciaux et libre-échangistes, se regroupent autour de Jacques Brissot. Au centre siègent les députés de la Plaine, qui se targuent d’être plus nombreux que les deux autres factions réunies mais n’adoptent aucune position idéologique ferme.

Durant les premiers mois de la Convention, la plupart de ses débats sont dominés par Brissot et les Girondins. La faction des Girondins se targue d’avoir de meilleurs orateurs et des législateurs plus expérimentés ; ils représentent la nation au sens large plutôt que les intérêts étroits des sections parisiennes ; de plus, leurs politiques ont tendance à être rationnelles et modérées. En conséquence, les Girondins ont pu gagner le soutien de la Plaine.

Problèmes et défis

L’ancien roi, témoignant devant la Convention lors de son procès en janvier 1793

Entre septembre 1792 et l’expulsion des Girondins en juin 1793, la Convention se débat avec quatre problèmes importants : la guerre révolutionnaire, l’état lamentable de l’économie, le sort du roi déchu et l’influence déstabilisante des radicaux parisiens. Ces quatre questions allaient contribuer à la disparition des Girondins.

La décision de la Convention d’exécuter le roi (janvier 1793) révèle des différences critiques entre les Montagnards, qui soutiennent son exécution, et les Girondins, qui estiment qu’une telle peine doit avoir l’aval du peuple. Non seulement les Girondins perdent ce vote à la Convention, mais les radicaux de Paris les condamnent comme sympathisants royalistes, mous pour les rois et les tyrans.

Au printemps 1793, les Girondins déclarent la guerre aux radicaux parisiens, orchestrant une enquête sur la Commune de Paris et l’arrestation de Jean-Paul Marat. C’était une guerre qu’ils allaient perdre.

En avril et mai, les Girondins sont assiégés par la Commune, les sections, les Jacobins radicaux et la presse à scandale. Au sein de la Convention, les Montagnards courtisent le soutien des sans-culottes en légiférant sur le contrôle des prix. Après un mois de conflit, les députés girondins sont expulsés de la Convention nationale le 2 juin 1793, donnant le contrôle de la Convention aux radicaux des bancs supérieurs.

Le point de vue d’un historien:
« La plupart des études sur la Convention se concentrent sur les questions de politique et de politique sociale, plutôt que sur les problèmes qui assaillent la République. La droite politique postérieure a accusé la Convention d’être composée d’idéologues gauchistes essayant d’imposer des idées politiques abstraites à la réalité. Les marxistes ont eu tendance à affirmer que la Convention était un bras de la bourgeoisie qui cherchait à écraser les aspirations des classes inférieures. Quelques-uns ont soutenu que des circonstances extraordinaires ont poussé les députés à prendre des mesures extraordinaires pour régler des problèmes qui, s’ils n’avaient pas été résolus, auraient pu conduire à l’effondrement de la République. »
Steven T. Ross

1. La Convention nationale était le gouvernement révolutionnaire de la France entre l’abolition de la monarchie en septembre 1792 et la création du Directoire en novembre 1795.

2. La Convention était élue sur une franchise plus large que l’Assemblée législative, tous les hommes de plus de 21 ans, ayant un emploi ou percevant un revenu étant considérés comme éligibles.

3. Les 749 députés de la Convention étaient composés de Jacobins radicaux, de Girondins et de modérés qui siégeaient dans la Plaine. Ces factions se durcissent et se divisent encore au cours des premiers mois de la Convention.

4. Dans ses premiers mois, la Convention crée la République française, gère la guerre révolutionnaire, juge et exécute le roi et se débat avec le radicalisme parisien et la politique économique.

5. L’exécution du roi ouvre des divisions fatales entre les députés Girondins et Montagnards. Ces factions se livrent à des chamailleries, des complots et des conflits au printemps 1793, qui aboutissent à l’expulsion des Girondins de la Convention au début du mois de juin.

Informations sur les citations
Titre : « La Convention nationale »
Auteurs : Jennifer Llewellyn, Steve Thompson
Éditeur : Alpha History
URL : https://alphahistory.com/frenchrevolution/national-convention/
Date de publication : 11 août 2020
Date de consultation : 24 mars 2021
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