Qui est Épictète ? De l’esclave au philosophe le plus recherché du monde

Ceci fait partie de notre série en 3 parties sur les trois philosophes stoïciens les plus importants : Marc-Aurèle, Sénèque et Épictète. Vous trouverez ici une brève introduction à Épictète, des suggestions de lectures, trois exercices/leçons de lui ainsi qu’une sélection de citations. Vous pouvez également lire notre introduction au stoïcisme si vous n’êtes pas familier avec cette philosophie.

Introduction

Une partie de ce qui rend le stoïcisme fascinant à étudier est que trois de ses praticiens les plus connus variaient largement en termes de position dans la société. Pensez à Marc-Aurèle, l’empereur de l’Empire romain, qui occupait l’une des positions les plus puissantes du monde. Pensez à Sénèque, qui était conseiller d’un empereur, dramaturge renommé et l’une des personnes les plus riches de l’Empire romain. Et puis il y a Épictète, à l’opposé total, qui est né esclave. C’est ce qui rend le stoïcisme si puissant : il peut fournir des principes intemporels pour nous aider dans la bonne et la mauvaise fortune, quelle que soit notre station dans la vie.

Epictète est né il y a près de 2 000 ans à Hiérapolis (l’actuelle Pamukkale en Turquie) comme esclave dans une riche maison. Epaphrodite, son propriétaire, lui donna la permission de poursuivre des études libérales et c’est ainsi qu’Epictète découvrit la philosophie grâce au stoïcien Musonius Rufus qui devint son professeur et mentor. Plus tard, Épictète a obtenu sa liberté peu après la mort de l’empereur Néron et a commencé à enseigner la philosophie à Rome pendant près de 25 ans. Cela a duré jusqu’à ce que l’empereur Domitien bannisse tous les philosophes de Rome. Épictète s’est enfui à Nicopolis en Grèce où il a fondé une école de philosophie et y a enseigné jusqu’à sa mort.

Après sa mort, Lucian nous raconte que quelqu’un a acheté la lampe en faïence d’Épictète pour 3 000 drachmes (de manière assez surprenante, cette même lampe également mentionnée plus tard par James Joyce). Mais qu’est-ce que cette lampe a de si spécial ? Comme l’explique Épictète, qui nous donne une importante leçon stoïcienne : « Je garde une lampe en fer à côté des dieux de ma maison, et, entendant du bruit à la fenêtre, je suis descendu en courant. J’ai découvert que la lampe avait été volée. Je me suis dit que l’homme qui l’avait volée n’était mû par aucun motif déraisonnable. Et alors ? Demain, dis-je, vous en trouverez une en faïence. En effet, l’homme ne perd que ce qu’il possède déjà. »

L’influence forte et étendue d’Epictète se manifeste dans de multiples cas. Marc-Aurèle, dans les Méditations, remercie son maître Junius Rusticus de lui avoir fait découvrir Épictète. Il y a une faible probabilité que Rusticus ait effectivement assisté aux conférences d’Épictète et ait transmis ses propres notes à Marcus. Pourtant, le plus probable est que Marcus ait lu les notes largement diffusées de l’élève d’Épictète, Arria, dont nous parlerons plus loin.

James Stockdale, qui a été prisonnier de guerre au Vietnam pendant plus de 7 ans, crédite Épictète pour lui avoir fourni un cadre sur la façon d’endurer les tortures auxquelles il était soumis. Comme Stockdale était enfermé dans des fers, il s’est certainement souvenu qu’Épictète avait une jambe handicapée, qui avait probablement été cassée par son maître, bien qu’il n’y ait aucune certitude à ce sujet. Cependant, Épictète disait à ce sujet : « La maladie est une entrave au corps, mais pas à votre capacité de choisir, à moins que ce ne soit votre choix. La boiterie est une entrave à la jambe, mais pas à votre capacité de choisir. Dis-toi cela à propos de tout ce qui arrive, alors tu verras ces obstacles comme des entraves à quelque chose d’autre, mais pas à toi-même. »

Epictète apparaît en bonne place dans le célèbre roman de l’auteur Tom Wolfe, Un homme en pleine forme. Albert Ellis, le psychologue qui a fondé la thérapie cognitivo-comportementale a également été influencé par Épictète.

Ce qui est fascinant, c’est que cette influence est venue par pure chance. En fait, Épictète n’a jamais rien écrit. C’est par l’intermédiaire de son élève Arrien que nous avons un compte rendu écrit de ses leçons. Et si tout le monde, des empereurs aux héros de guerre, a été reconnaissant en trouvant conseils, réconfort et force dans les leçons d’Épictète, alors il doit y avoir quelque chose pour nous. Mais seulement si nous choisissons de le faire.

Ouvrages notables &Lectures suggérées

Un excellent point de départ pour Épictète serait son Enchiridion, qui se traduit par « petit manuel ou un manuel » et c’est exactement cela. C’est l’introduction parfaite à Épictète car il est rempli de courtes maximes et principes stoïciens. Contrairement à Sénèque et Marcus, Épictète est un peu plus difficile à lire et nous vous recommandons de commencer par ces deux auteurs si vous ne les avez pas encore lus. L’étape suivante serait les Discours d’Épictète, qui sont beaucoup plus longs et méritent un plus grand engagement.

Pour d’autres lectures, comme mentionné ci-dessus, nous recommandons de lire la courte autobiographie Courage Under Fire de James Stockdale ainsi que A Man in Full de Tom Wolfe.

3 Exercices & Leçons d’Épictète

1. Rappelez-vous ce qui est sous votre contrôle

L’Enchiridion commence par l’une des maximes les plus importantes de la philosophie stoïcienne. L’importance de distinguer les choses qui sont sous notre contrôle et celles qui ne le sont pas. (Pensez-y comme la prière de sérénité stoïcienne.) C’est un rappel de ne pas se mettre en colère et de ne pas s’énerver à cause de choses que nous ne pouvons pas influencer comme les autres personnes et les événements extérieurs et de ne se concentrer que sur nous-mêmes, notre propre comportement. Cela rend les choses un peu plus faciles, n’est-ce pas ? Un rappel humble de tout ce qui se passe que nous ne pouvons pas influencer et l’apprentissage du lâcher prise et de l’acceptation des choses telles qu’elles sont. Mais en même temps, un rappel puissant que nos actions et nos choix sont entièrement sous notre contrôle. Comme l’a dit Épictète,

« Certaines choses sont sous notre contrôle et d’autres non. Les choses sous notre contrôle sont l’opinion, la poursuite, le désir, l’aversion, et, en un mot, tout ce qui est nos propres actions. Les choses qui ne sont pas sous notre contrôle sont le corps, la propriété, la réputation, le commandement, et, en un mot, tout ce qui n’est pas nos propres actions. »

2. Fixer la norme

Les meilleurs leaders parlent rarement de la façon dont les choses devraient être faites, leurs actions parlent d’elles-mêmes. Pensez à quelqu’un que vous admirez et combien de leçons sont venues indirectement des choix qu’il a faits et de l’exemple qu’il a donné. De même, nous devons nous concentrer sur la manière dont nous vivons réellement et sur les choix que nous faisons. C’est là que notre temps et notre énergie seront le mieux utilisés. Comme l’a dit Épictète,

« Ne te prétends jamais philosophe, et ne discute pas beaucoup de théorèmes avec les incultes, mais agis conformément à ces théorèmes ». Ainsi, lors d’un divertissement, ne parlez pas de la façon dont les personnes doivent manger, mais mangez comme vous le devez. »

3. Prescrivez-vous un caractère

Epictète comprenait combien nous agissons par habitude et combien nous avons tendance à penser que nos façons de faire sont gravées dans le marbre. Il recommandait à ses étudiants de se fixer des principes et des normes qu’ils devaient suivre et de ne pas s’en écarter autant que possible. Ce n’est certainement pas facile, loin de là, mais avec de petits pas, chaque jour nous rappelant dans quelle direction nous aimerions aller, nous pouvons nous rapprocher du caractère que nous souhaitons avoir. Comme il l’a dit,

« Prescrivez immédiatement quelque caractère et forme de conduite à vous-même, que vous pourrez garder aussi bien seul qu’en compagnie. »

Citations d’Epictète

« Aucune chose grande n’est créée soudainement, pas plus qu’une grappe de raisin ou une figue. Si tu me dis que tu désires une figue, je te réponds qu’il faut du temps. Laisse-la d’abord fleurir, puis fructifier, puis mûrir. »

« Que la mort et l’exil, et toutes les autres choses qui paraissent terribles, soient chaque jour devant tes yeux, mais la mort principalement ; et tu n’entretiendras jamais aucune pensée abjecte, ni ne convoiteras rien trop avidement. »

« N’exigez pas que les événements arrivent comme vous le souhaitez ; mais souhaitez qu’ils arrivent comme ils arrivent, et votre vie sera sereine. »

« La maladie est un empêchement pour le corps, mais non pour la volonté, à moins qu’elle ne plaise. La boiterie est un empêchement pour la jambe, mais non pour la volonté ; et dites-vous cela à l’égard de tout ce qui arrive. Car vous trouverez que c’est un empêchement pour quelque chose d’autre, mais pas vraiment pour vous-même. »

« Je ne peux pas échapper à la mort ; mais ne puis-je pas échapper à la crainte de celle-ci ? Dois-je mourir en tremblant et en me lamentant ? »

« Faire le meilleur de ce qui est en notre pouvoir, et prendre le reste comme il se présente. »

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