Lorsqu’une personne souffrant d’une allergie potentiellement mortelle est exposée à sa « kryptonite » (qu’il s’agisse d’arachides, de piqûres d’abeilles, de latex ou d’autre chose), il en résulte une réponse immunitaire intense appelée anaphylaxie. La gorge se serre, la langue gonfle, la pression sanguine peut s’effondrer et il peut devenir difficile, voire impossible, de respirer. Un traitement rapide est essentiel. « Si une réaction est aussi grave, l’épinéphrine sauve essentiellement la vie d’une personne jusqu’à ce qu’elle puisse obtenir des soins définitifs », explique le Dr Susan Farrell, médecin aux urgences et professeur adjoint à la Harvard Medical School.
L’épinéphrine est bon marché – environ 5 dollars par milligramme. Le problème est que pour les personnes à risque d’anaphylaxie, l’épinéphrine doit être à portée de main et administrée rapidement en cas d’exposition à une allergie. C’est là toute la « beauté » de l’EpiPen. Grâce à ce dispositif, il est facile de garder une dose d’urgence à disposition et simple à administrer correctement. La dose délivrée par l’EpiPen pour adulte est de 0,3 mg, ce qui est peu coûteux. Le médicament n’est pas coûteux ; c’est l’injecteur qui l’est. Mais le coût élevé des EpiPen n’est pas une nouveauté. Pour une personne ayant un régime d’assurance à franchise élevée (ou pas d’assurance maladie du tout), un EpiPen Two-Pak coûte 622,09 $ chez Walgreens. Il n’est pas beaucoup moins cher dans les autres pharmacies et peut encore coûter jusqu’à 400 $, même avec des coupons et une assurance combinés.
Pourquoi les EpiPens sont-ils si chers ?
Un manque de concurrence est l’une des raisons pour lesquelles Mylan, la société qui fabrique les EpiPens, peut continuer à augmenter le prix. Un produit similaire, appelé Auvi-Q, a été retiré du marché en raison de craintes que l’appareil ne délivre pas la bonne dose de médicament, selon le Dr Ana Broyles, allergologue et immunologiste à l’hôpital pour enfants de Boston. D’autres solutions n’ont pas eu beaucoup plus de succès. L’Adrenaclick, par exemple, est nettement moins cher que l’EpiPen (188 dollars à la pharmacie de Walmart) mais le Dr Broyles le trouve plus difficile à utiliser. Il est rarement prescrit. D’autres sociétés ont essayé de développer des versions génériques (et donc moins chères) de l’EpiPen, mais aucune n’a encore reçu l’approbation de la FDA.
Une solution proposée qui ne fera pas réellement baisser le coût – et qui a le potentiel d’influencer les recommandations « indépendantes »
La plupart des personnes qui ont besoin de ce dispositif n’en achètent pas qu’un seul. Ils en ont un peu partout – dans la voiture, au bureau ou à l’école, dans une poche ou un sac à main. C’est pourquoi les consommateurs ont été particulièrement touchés lorsqu’ils ont dû payer plus de 500 $ pour deux EpiPens. Étonnamment, c’est Mylan qui a proposé une solution à la flambée des coûts. Elle a récemment demandé au groupe de travail américain sur les services préventifs (USPSTF) d’inscrire l’EpiPen sur sa liste de services médicaux préventifs. L’EpiPen serait ainsi entièrement couvert par toutes les assurances, y compris l’Affordable Care Act et les compagnies d’assurance privées. Il n’y aurait pas de co-paiement, ce qui semble génial.
Mais la mission de l’USPSTF est d’évaluer les stratégies pour maintenir la santé et prévenir les maladies. L’épinéphrine n’est pas préventive. Ce n’est pas quelque chose que vous vous injectez avant d’avoir été exposé à un allergène. Ce n’est pas quelque chose que vous prenez régulièrement pour prévenir une réaction. C’est un médicament que l’on s’injecte après avoir eu une réaction. Alors, l’USPSTF devrait-elle faire des recommandations sur les EpiPens ? Pas plus tard qu’hier, un article d’opinion paru dans les Annals of Internal Medicine soutient que non seulement les EpiPens ne sont pas un service préventif, mais que pour que l’USPSTF reste totalement impartial et fondé sur des preuves, ses recommandations ne devraient pas du tout déterminer la couverture d’assurance.
Même si les EpiPens atterrissaient sur la liste des services médicaux préventifs, cela ne profiterait probablement pas aux consommateurs à long terme. Mylan pourrait continuer à augmenter les prix avec peu de réactions de la part du public et n’aurait aucune incitation à maintenir des prix compétitifs ou raisonnables. Si vous ne payez pas votre EpiPen de votre poche, votre employeur ou votre compagnie d’assurance le fait. Et ces coûts pourraient simplement se retourner contre vous sous la forme d’une augmentation des primes ou d’autres avantages perdus.
Avec tant d’enfants et d’adultes à risque de réactions allergiques graves, cette discussion est importante. Le développement de versions génériques du même médicament et d’un dispositif d’administration équivalent crée de la concurrence. Les personnes allergiques ont besoin de meilleures options, notamment d’un meilleur accès à moindre coût – et de transparence.
Information connexe : Harvard Health Letter
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